Les histoires commencent toujours par la présentation des héros.
Preux chevalier, Fier troubadour, Douce Princesse, Vive guerrière, Vieux mage ou Sage Roi formant souvent des duos ou groupe équilibrés, évident même. Chacun ayant son rôle à jouer.

Pourtant, dans cette histoire, le duo qui va être présenté est des plus hétéroclites.

La route d'un ange et d'un Lycan s'était croisées.
D'ennemis, ils étaient devenus partenaires, le temps d'un combat puis compagnons de route, suivant à présent une même quête.

Saprobion, l'imposant Instructeur d'arène, guerrier et expert en combat.

Aurore, la frêle ange, soigneuse, nouvellement arrivée en ce monde.

La dualité des ressentis de chacun offrait des moments de silences, de questionnements, de doutes et d'incertitude mais pourtant, ils formaient un duo capable d'affronter les dangers qu'ils rencontreraient sur la route de cette vie sur Galathé.

Nous venions de trouver le deuxième indice de ma quête. Un nouveau morceau de quête nous guidant vers le prochain endroit ou devait se cacher un troisième indice et par chance, cela devait être dans une ville, nous permettant de recharger en nourriture et me permettre aussi d'acheter une tenue de voyage.

Saprobion et moi reprîmes donc la route , délaissant derrière nous la clairière aux Orchidées Colombes. Je n'avais pas pu résister et en avait cueilli une pour en humer doucement l'odeur sucrée, frôlant ces pétales en forme d'ailes.

Il me tardait de pouvoir utiliser les miennes.
La fleur finit dans mes cheveux et je marchais joyeusement à côté de Saprobion, revigorée par l'avancé de la quête et la perspective de pouvoir retourner dans une ville et surtout un bon lit et un bain chaud !

Mais au milieu de leur marche, Saprobion souffla quelques mots.

- J’ai fais un rêve je crois. Je n’ai pas de grands souvenirs, mais je me souviens avoir entendu une voix, une mélodie. Je sais juste que c’était très joli.


Je me mis à rougir, essayant de cacher mon embarras en regardant le paysage.
M'avait il entendu quand j'avais fredonné ? Je pensais pourtant être suffisamment loin pour ne pas être entendu... Mais ... ce n'était peut-être pas moi qu'il avait entendu et avait seulement rêvé. Il avait parlait d'une belle voix et dans le domaine de la chanson, je n'avais jamais été très douée.

- Drôle de rêve , en effet.

Murmurais-je à l'égard de mon compagnon.

Je restais silencieuse, ouvrant ma carte pour voir ou nous nous trouvions et me surprit à voir déjà tout le chemin parcourut depuis ma rencontre avec le guerrier.

Trajet effectué:

- J'ai hâte d'arriver en ville ! On va pouvoir faire le plein de nourriture et surtout, je vais pouvoir trouver une vraie tenue de voyage.

Je souris à Saprobion, tirant sur le pli de ma tunique qui couvrait à peine mes cuisses.

- Et surtout prendre enfin un bon bain chaud !! Haaaa j'ai hâte !

Je pouffais, laissant ma tension de ces derniers jours s'évacuer dans le rire.

Notre voyage avant d'atteindre la ville prit une certaine routine.
Entrainement le matin avec un Instructeur implacable et autoritaire.
Un maigre repas composé de la cueillette du jour.
Mon entrainement personnel à faire fonctionner mes ailes.
Mes progrès étaient lents mais je m'efforçais de continuer.
Puis la marche pour avancer et atteindre la ville.
Un repos court, des repas frugales et la même impatience de civilisation qui continuait jour après jour jusqu'à ce qu'enfin, en fin d'après midi , nous parvins à la ville.

Elle n'était pas bien grande mais je soupirais, ravie d'atteindre enfin notre but et surtout pouvoir faire un peu de shopping.

Retrouvant le sourire, je me tournais vers Saprobion :

- Ce soir, je t'invite pour un vrai repas chaud !


C'est étrange comme la relation entre Saprobion et moi avait pu changer en si peu de temps ...

D'abord ennemis , nous voilà compagnons.

Je me souvenais encore la première phrase qu'il m'avait dit. "Petite ange, tu vas mourir" Une voix froide comme la mort alors qu'il s'apprêtait à me tuer.

Et aujourd'hui, je l'invitais à diner ... Un étrange frisson me parcourut.
Je me demandais s'il pensait parfois à cela. Si l'évolution de notre "relation" ne l'effrayait pas un peu. L'évolution de mes propres "ressentis" à son égard m'inquiétais aussi à vrai dire ... Les regards que je posais sur lui ... mes pensées à son égard m'inquiétait grandement ... Peut-être faudrait-il que nous ne continuons pas ensemble ...

Cette idée m'était étrangement pénible ... Je m'étais accommodée à sa présence de manière assez rapide et j'aimais marcher à ses côtés ... Je me sentais en sécurité à ces côtés et malgré son aspect "entraineur" autoritaire, je ne me sentais jamais jugée. Je n'étais pas dupe quand à mon niveau comparé au sien mais ... Je n'avais pas l'impression d'être nulle ou une moins que rien. J'avais le sentiment d'avoir de la valeur.

Et ce sentiment, il était le premier Homme à me le faire ressentir ...

Je chassais cette pensée qui me serrait le cœur et ravalant la vague de ressentis qui me serrait la gorge, je me tournais encore une fois vers Saprobion.

- Mais d'abord !! SHOPPING !! Le dernier arrivé paye un coup à boire !!

Dis je en m'élançant en avant , riant comme une enfant, m'efforçant d'arriver la première à l'entrée de la ville, préférant l'insouciance à des pensées trop lourdes à supporter.

Le trajet en direction de la ville au côté de Saprobion me laissa du temps pour réfléchir à tout ce qu'il s'était passé depuis mon arrivée ici mais surtout sur mon compagnon et ces réactions à mon égard.

J'essayais de le distraire, usant de bonne humeur et de taquinerie pour cacher le désarroi qui emplissait mes veines au fur et à mesure que nous approchions du 3ème indice. Il ne resterait alors qu'un dernier indice avant d'atteindre l'artefact. Et ... ensuite ? Repartirait-il de son côté et moi du mien ?

Je n'avais pas envie de me retrouver seul dans ce monde. J'avais beau le connaitre ,j' avais le sentiment de redécouvrir totalement chaque contrée, chaque sentier, chaque rivière que nous croisions.

Mais Saprobion n'avait peut-être pas envie de tirer un boulet sur sa route plus longtemps.

Je n'arrivais pas à savoir ce qu'il pensait. Parfois , il répondait à ma bonne humeur mais j'avais quelques fois perçut son regard lourd et intense sur moi. J'en avais le souffle coupé mais quand je tournais la tête, il esquivait mon regard et ne m'offrait plus aucun regard ensuite.


En avait-il marre de moi ? Me trouvait-il insupportable ? Ou bien ... devait-il se retenir de me tuer vis à vis de ses "origines" et son éducation ? Je n'arrivais vraiment pas à comprendre ces réactions à mon égard et le doute ainsi que les questions m'attristaient au plus haut point. Je ne savais jamais sur quels pieds danser avec lui

Je restais donc silencieuse dans ces moments pendant lesquels il ne daignait pas me regarder ou quand le silence devenait trop lourd à porter, je papotais de tout et de rien, juste pour entendre quelque chose d'autre que son souffle régulier.

Temps de bonne humeur et de taquinerie
Mutisme
Bavardages ensemble
Silence

Quand nous arrivâmes face à la ville , je me décidais à essayer de rester une bonne coéquipière et scella mes ressentis au fond de mon coeur pour mettre sur mes traits un masque de bon humeur. Taquinant gentiment le géant, je lui lançais le défi d'arriver le premier , m'élançant par surprise pour le déstabiliser.

Courir, respirer, ne penser à rien d'autre qu'à la victoire. C'était libérateur de s'élancer ainsi , de ne se soucier de rien juste à bien calquer sa respiration.

La ligne d'arrivée n'est plus loin mais j'entends Saprobion dans mon dos et essaye d'accélérer encore pour le semer mais le géant a une bonne allonge et il finit par me rattraper facilement et même à m'attraper car d'un coup je sens ces grandes mains entourer ma taille et me soulever. J'ai criais et riais,   plus amusée par la situation que gênée, mes mains agrippant les siennes, mes pieds battant le vide.

- Tu triches !!

- Je te tiens !


Son souffle tentateur glisse contre mon oreille et me fait frissonner ... jusque là
Je me sens rougir jusqu'à la pointe des pieds et quand il me repose doucement au sol, je crains de lever les yeux vers lui et lui laisser voir l'effet que sa proximité m'a fait mais il me prends de court en s'excusant.

-Je me suis laissé emporté par le jeu…. Excuse moi… Si on cherchait ta tenue de voyage…

J'ai envie de lui dire que ce n'est pas grave mais il se tourne et je me retrouve face à son dos puissant , un mur de muscle et de mutisme que je ne peux pas franchir.

- Ce n'est pas .. grave.

Je murmure ces mots qui sont emportés dans le brouhaha du quartier. Je ne sais même pas s'il l'a entendu. Une boule douloureuse se forme dans ma gorge et je me sens coupable d'avoir lancé cette course pour obtenir au final un tel résultat.

Mais le géant semble déjà être passé à autre chose et je me tourne vers les étalages sans trop savoir quoi regarder.

Me revint les conseils que l'on pouvait trouver sur les forums pour les tenues des anges : Du cuir souple mais solide ou du tissu mais surtout rien de trop lourd. Les anges restent des créatures frêles et pour voler, la légèreté devait toujours être de mise. Je n'avais pas envie de quelque chose de trop voyant et mes habitudes personnelles concernant les vêtements étaient de chercher quelque chose de ample et confortable pour y cacher mon corps. Mais c'est vrai qu'avec le corps d'Aurore, c'était du gâchis que de le cacher.

Saprobion marchait devant moi , lentement, avançant comme il pouvait face à une foule bruyante et envahissante. Je n'avais pas de mal à le voir, on ne voyait que lui dans cette foule compacte, dépassant de cet amas grouillant comme une tour d'ébène.

Il fallait crier pour se faire entendre mais enfin, nous parvînmes à nous extirper du flot de gens
et je soufflais, épuisée par tant de monde. Reprenant notre souffle dans une petite ruelle, nous voilà à nouveau interrompu par une vielle dame. Elle arborait une couronne de cheveux argentée et il lui manquait quelques dents mais ces yeux étaient encore vifs et emplis de malice. Elle me regardait et avec un grand sourire, m'annonça qu'elle avait une boutique de vêtement et qu'elle aurait très certainement de quoi me vêtir. Elle ne m'inspirait pas confiance et j'allais poliment refuser mais elle insistait déjà , m'attrapant par la main pour me faire avancer vers une petite maison .

Elle a une sacrée poigne cette mamie !

Je suis tellement surprise que je la suis docilement , pénétrant dans la maisonnée exiguë remplit à ras bord de vêtement en tout genre.

Mes yeux s'agrandissent devant cet amoncellement de tissu, tuniques, vêtements en tout genre. Il y a tout un rayon rempli de tenue très (trop) légère et je rougis en regardant certains ensemble.

Mais la grand-mère ne semble pas en avoir fini avec moi et après avoir disparue quelques instants, elle revient avec une tenue ...

Elle ... elle plaisante là ... je vais pas mettre ... ça ??

Je crois ne jamais avoir été aussi rouge qu'en cet instant et j'ai du mal à répondre à la vieille femme alors que Saprobion éclate de rire dans mon dos.

- C'est ... euh ... un peu ... osé non.. ?

Ma voix a gagné en aigue et crois que je vais me transformer en flamme tellement mes joues brulent de gêne.

La vieille dame sourit fièrement et me tire encore une fois pour me pousser dans une cabine et accroche la tenue contre le mur en bois, se positionnant devant la porte pour m’empêcher d'en sortir.

- Euh... non non je ne souhaite pas l'essayer ... mais .. attendez !

C'est pas vrai ... mais je rêve ou une mamie me séquestre ?

Je tourne en rond dans la cabine sans savoir quoi faire. Je reporte mon regard sur la tenue ... j'ai vraiment pas envie de la mettre ... ça couvre rien du tout ... !!


Les joues en feu, je finis par me dévêtir .

Spoiler:

Puis, je passe la "tenue" trouvant le tissu étonnamment soyeux contre ma peau.
Quand je suis parée, la vieille dame daigne me laisser sortir et m'invite à me tenir face à un grand miroir , hochant la tête d'un signe approbateur avant de se tourner vers Saprobion, me désignant pour connaitre son avis.

Je ne sais plus ou me mettre, mes mains tenant de cacher mon buste ou ma poitrine trop découverts.

Je suis rouge, j'ai chaud et je n'ose pas regarder Saprobion, fermant les yeux pour ne pas voir sa réaction ou le voir rire de ma tenue.

Je finis par murmurer à l'adresse de la vielle femme :

- N'auriez-vous pas plutôt, une tenue plus chaude ... s'il vous plait ... ? Je ... je peux pas me promener comme ça.

Un long frisson parcourt mon échine alors que je me sentais la cible du regard de la vielle dame mais surtout de Saprobion.
La vieille femme ne prêta d'ailleurs aucune attention à ma supplique et je me tortillais sur place de plus en plus mal à l'aise, la fraicheur des lieux faisant éclore des frissons sur mon épiderme.

Quand je releva enfin les yeux vers mon compagnon de voyage, il était bouche bée, ses yeux écarquillés , rivés sur moi. Il approcha doucement, si près de moi que je percevais la chaleur émanant de son corps.

Un mot exprimé dans un souffle

" Magnifique "

J'avais l'impression qu'il avait adressé ce compliment à quelqu'un d'autre qu'à moi. Comme si je n'étais que spectatrice de cet instant.

Il l'adressait ... au corps d'Aurore.
Ce constat fut comme une douche froide. Je ne parvenais pas à bouger ou à lui répondre.
Je restais figée, les mains sur mon torse. Les siennes frôlaient mes bras, j'en perdais mon souffle, ivre de cet instant hors du temps alors que Saprobion me regardait avec un regard si ... intense ... si brûlant. Je pouvais voir ses prunelles caresser les courbes de ma bouche qui s'était entrouverte pour laisser un souffle un peu trop irrégulier s'en échapper.

Sa proximité, son expression, sa silhouette qui me surplombe , m'obligeant à relever la tête pour croiser son regard. Je me sentais vaciller et en même temps ... définitivement attirer vers lui. Mon corps pourtant était comme du plomb et même malgré l'envie que j'avais de tendre la main pour la poser contre le buste du géant, je restais impassible, immobile , dans l'incompréhension la plus totale ... Lui qui pouvait rester si impassible ... le voilà à présent ... affecté par ce qu'il voyait ... ses yeux semblaient même emplit d'adoration à mon égard mais je chassais cette idiote pensée bien loin. Non non ... c'était le corps d'Aurore... son corps ... pas le mien... pas le vrai corps.

Je le surpris à se lécher la lèvre. J'eus la soudaine et présente envie de presser ma bouche sur la sienne, d'en mordiller sa lèvre inférieure ... de laisser mes doigts courir sur sa nuque et tirer son visage vers le plafond pour promener mon nez contre sa gorge et m'emplir de son odeur virile.

Le charme fut rompu quand quelqu'un toussota.

Que venait-il de se passer ... ?
Je clignais des yeux comme si je venais de me réveiller, bouillante et nerveuse Saprobion semblait être aussi tendu que moi et fit un pas en arrière comme si, d'un coup je le dégoutais.
Je baissais les yeux en triturant mes doigts. J'avais envie de me ronger les ongles ... enfin Alice ... Pas Aurore. L'ange avec de longs doigts fins aux ongles manucurés.

La vieille Dame semblait venir à ma rescousse et m'invita à retourner en cabine, me portant différentes tenues que j'essayais sans réussir quoi que ce soit, la gorge trop serrée.

La mamie finit par m'apporter une tenue plus adéquate bien que légèrement osé par la robe ouverte sur le côté de ma cuisse.

Tenue:

Une capuche blanche enserrant ma poitrine, une robe d'Or longue mais ouverte sur une de mes cuisses laissant voir les bas qui remontaient jusqu'au milieu de ma cuisse et les bottes noires couvrant mes genoux.

Les tissus étaient délicats et fluides mais solides, légers et aérés mais maintenant bien la chaleur du corps sans être étouffant.

Je me demandais quel était cette matière.

Et toujours une coiffe en rappelle à mon auréole.

La tenue me plaisait et mes ailes pouvaient battre sans retenue.
Je me décidais donc pour celle là , la vieille Dame semblait ravie. Elle prit la tenue et alla l'emballer pendant que je me rhabillais.

Quand je ressortis, Saprobion venait de payer la vieille Dame. J'allais lui dire que je pouvais payer , ne voulant pas le mettre dans l'embarras mais il ressortait déjà de la boutique. Prenant mon paquet sous le bras, je sortis à toute vitesse de la boutique pour le suivre et ne pas le perdre, essayant de l'interpeler mais avec le bruit ambiant, ma voix ressemblait à un murmure.

Je le suivais donc en silence, essayant d'esquiver au mieux les passants à contre courant.
Au bout d'un moment, Saprobion se tourna vers moi pour crier une phrase.

- Essayons de trouver une auberge et réservons une chambre pour la nuit. Il nous faut du repos.


J'acquiesçais. J'avais en effet besoin de me calmer, de m'isoler et de réfléchir à tout ça mais pour l'instant nous devions nous battre pour avancer. Je me demandais pourquoi il y avait une telle agitation et surtout autant de monde.

Enfin, nous voilà devant une auberge mais quand Saprobion entr'ouvre la porte, il y a tout autant de monde à l'intérieur qu'à l'extérieur et réussir à atteindre le comptoir relève de l'exploit. Je me tiens derrière le géant pendant qu'il parle à l'aubergiste. Quelques regards se tournent vers nous et je me recroqueville , proche de Saprobion mais veillant à ne pas le toucher.

Quand il se tourne, il rougit, mal à l'aise , m'annonçant qu'il ne reste qu'une seule chambre et qu'il y ait de fortes chances que nous ne trouvions rien d'autre car la ville accueille un festival , ce qui explique le monde.

L'idée de dormir dehors encore une nuit me vide de mes forces. J'ai envie d'un bain et d'un lit ... La tentation est trop grande.

- Prends la chambre, on se débrouilleras comme ça

J'étais trop lasse et tout ce monde commençait à me donner le tournis.

L'aubergiste nous donna la clef et nous montâmes dans la chambre.

Elle était plutôt spacieuse, avec des murs aux pierres apparentes et un grand lit en son centre qui paraissait bien moelleux. Dans le coin opposé, un grand bac d'eau caché derrière deux toiles tirés , servant de "cache vue".

Une table contre le mur , deux chaises et un grand coffre servant à y ranger des affaires.

Après tout  ce qu'il s'était passé, je craignais un peu la proximité de Saprobion. Prendre une chambre pour nous deux était-il vraiment une bonne idée ... ?

Je refermais la porte derrière moi, appréciant le silence qu'offrait la pièce.

Je déposais mes affaires et me laissait choir sur un des côtés du lit, épuisée mentalement et physiquement.

- Quelle journée ... !

J'avais parlé à voix haute. Au bout de quelques instants, je finis par me redresser.

- Souhaites-tu prendre un bain tout de suite ou d'abord manger ?

Ayant une idée, je repris de suite sans lui laisser le temps de répondre.

- Ou alors, nous pourrions prendre un bain et peut-être aller jeter un oeil à ce festival non ? En général pendant ces évènements, il y avait des stands de restauration dans les ruelles , cela nous fera des choses à regarder pendant que nous mangeons ... qu'en penses-tu ?

Bien que je sois fatiguée par la journée, la perspective d'un festival me motivait. Et cela permettrait aussi de faire baisser cette étrange tension que je ressentais avec Saprobion.

Cette soirée nous permettrait peut-être d'oublier les étranges situations un peu plus tôt dans la journée ... Demain , il faudrait se concentrer sur l'indice pour continuer notre quête mais ce soir, il nous fallait un divertissement pour retrouver notre bonne humeur.

Saprobion réfléchit à ma proposition.

J'avais peut-être eu tort de proposer de ressortir. Nous étions épuisés tous les deux et nous avions bien besoin de souffler et de reprendre des forces. Moi-même je me sentais courbaturée et les épaules basses d'épuisement.

Mais ... je craignais que , seuls dans cette chambre, je ne sois pas à l'aise. Et être en tête à tête avec lui , revoyant le souvenir de l'après-midi .... son compliment soupiré dans la boutique suivi de ce recul et son silence gêné . Je n'avais pas envie de me laisser l'occasion d'y penser ... Cherchant seulement à apaiser cette tension, retrouver notre bonne humeur.

Saprobrion finit par accepter et me demanda s'il devait sortir ou non pendant que je prenais un bain.

Je secouais négativement la tête. Les toiles tendues devraient me cacher suffisamment pour permettre qu'il reste dans la même pièce que moi sans me voir.

Je fais appeler l'aubergiste pour qu'on nous porte de l'eau chaude et bien vite, le baquet d'eau est rempli , de la vapeur s'échappant par chape brûlante.

Je me cache derrière la toile et commence à me dévêtir, posant mes affaires dans un coin pour les faire laver plus tard. Je rentre dans le baquet, l'eau chaude me faisant couiner de plaisir, et lentement m'y assois,  soupirant d'aise en savourant la douce chaleur de l'eau. Un épais linge a été mis dans le contenant pour que l'on puisse toucher les bords sans craindre d'échardes et je me prélasse , mon corps soulagé par la chaleur, mes muscles crispées se détendant doucement. J'attrape le savon et me frotte le corps, les cheveux, me débarrassant avec un plaisir non contenu de toute la crasse du trajet. Je me sens revigorée mais ne peut m'attarder , Saprobion attendant aussi de pouvoir se laver. Je finis par me rincer, propre de partout , essorant ma chevelure avant de sortir et de m'entourer d'une moelleuse serviette.

En jetant un coup d'oeil vers l'endroit ou se tient le géant, je remarque que je peux voir sa silhouette en ombre chinoise. Je rougis violemment ... Mince ... Il peut me voir aussi du coup ? je resserre le linge autour de moi et finit par laisser la place pour le bain.

Quand le guerrier entre dans le baquet, je peux laisser la serviette se dérouler sur mon corps chaud et propre, la voyant choir sur le sol, avant de chercher quelle tenue mettre.
Quand je jouais ce personnage, j'aimais passer du temps à la relooker, quitte à farmer pour gagner de quoi acheter des habits d'apparats. J'avais donc 3 tenues dans mon inventaire , mais les quelques vêtements que j'avais étaient pour la plupart bien légers.

Toutefois, j'avais une robe tout à fait adaptée pour un festival.

Robe d'Aurore:

Je la sortie de mon inventaire et la passa. Le tissu délicat et fin était un peu transparent et laisser entrevoir les deux auréoles rosées de ma poitrine mais j'espérais qu'à la nuit tombée, cela serait beaucoup moins voyant.

Blanche, simple, j'aimais cette robe aux manches très larges. Un style médiéval tout à fait en accord avec les lieux et le festival.

Je brossais ensuite mes cheveux, et pour une fois, ne les attacha pas, préférant les garder librement tomber en douces ondulations sur mes épaules et mon dos.

J'hésitais à m'allonger un peu sur le lit, mais je me fis la remarque que je risquais fortement de m'endormir. Acquiesçant mentalement à cette sage décision, je sortis de la chambre pour faire un tour dans l'auberge. Le bâtiment n'étant pas trop grand, j'en fis rapidement le tour et remonta à l'étage. J'hésitais à revenir dans la chambre, ayant peur de déranger Saprobion ou de le surprendre dans le plus simple appareil et me décida finalement pour une fenêtre au bout d'un couloir, m'asseyant sur le rebord de cette dernière, la tête appuyée contre le mur, genoux relevés, mon menton posé tout contre, les yeux tournés vers le ciel teinté d'or et de rose, prémisse de la nuit s’apprêtant à assombrir ce dernier.

Que se passait-il à présent dans la vraie vie ? Normalement , à cette heure là je serais entrain de me dépêcher de cuisiner pour que le repas soit prêt quand mon mari rentre de sa journée de travail. Vite la vaisselle, vite le repas, vite dresser la table ... la même rengaine chaque soir.

Je fermais les yeux, resserrant mes bras autour de mes jambes. Ma famille me manquait. Mes parents, mes soeurs ... mais mon mari ... ? Non ... c'était surement une horrible pensée mais c'était vrai. Il ne me manquait pas ... je me sentais étrangement sereine et en paix ici, profitant de chaque instant sans me demander si ce que je faisais été suffisant ou non. Je n'étais pas sous un regard jugeant le moindre de mes actes , me faisant sermonner quand je ne faisais pas telle ou telle chose de manière absolument parfaite. Cette tension constante ... semblait s'être envolée quand je m'étais retrouvée ici.

C'est ce qui m'effrayait ... Pouvoir goûter au calme et à la liberté ne pouvait durer éternellement ... si ? Je n'osais espérer totalement et gardait toujours en tête qu'un jour , je  retournerais à mon ancienne vie, mon ancien corps et que je ne devais pas trop m'habituer à tout cela.

Mes pensées vagabondèrent encore quelques instants vers mon ancien quotidien, me demandant si mon patron avait râler face à ma disparition ou s'il s'était contenté de hausser les épaules.

C'est en entendant une porte s'ouvrir brusquement, que je me réveillais en sursaut, désorientée pendant quelques secondes. Saprobion tourna la tête dans ma direction et s'approcha, s'excusa du temps passer dans l'eau.

Il était vêtu d'une belle tenue bleue. Il prenait des airs de chevalier ainsi. De l'or et de l'argent agrémentait l'ensemble, faisant ressortir sa peau sombre avec plus de vivacité qu'à l'accoutumée. Je restais ébahie. Il était très élégant et le vêtement moulait finement ses muscles et son torse. Il était renversant.


-Je n’ai pas vu le temps passé… Ça fait longtemps que tu m’attends ?

- Oh, non, ne t'en fais pas. Je rêvassais en attendant, je t'avoue ne pas avoir vu le temps passer.

Une façon de ne pas dire que je m'étais lamentablement endormie. Je lui souris gentiment , hésite et finit par ajouter d'une voix plus timide :

- Tu es très élégant dans cette tenue ... ça te va  bien !

Essayant sans réussir de garder un ton détaché, je finissais ma phrase sur un murmure.

Bon sang ... j'ai pas 14 ans pourtant... On dirait une vierge effarouchée qui a jamais été confronté à un homme de sa vie ...

Je toussote pour reprendre contenance et lui demande s'il est paraît pour que nous y allons.
Il acquiesce et ferme la porte à double tour, me laissant le soin de garder la clé.
Nous déposâmes nos vêtements de voyage à l'aubergiste pour qu'ils soient nettoyés et tout le monde semble observer Saprobion. Il est si grand qu'il dépasse d'une bonne tête les autres personnes.

Une fois dehors, je me délectais de l'air frais de cette soirée dont l'air commençait à se remplir de chants, de papotages et de rires joyeux.Le festival avait déjà commencé et les gens se pressaient devant les différents stands. Je n'avais pas assez d'yeux pour tout regarder, souriant malgré moi, contaminée par la bonne humeur qui se dégageait de chacun.

Même Saprobion semblait impressionné par tout ce qui nous entourait. Il avait un regard insouciant, suivant la courbe des poignards qu'un lanceur faisait virevolter dans l'air.

Je me surpris à regarder d'avantage mon entraineur que les divertissements du festival.
Après une balade faites de zigzagues pour éviter la foule , nous arrivâmes sur la place principale de la ville là ou la fête battait son plein.

La musique entrainante et joyeuse, les rires et les applaudissements des personnes rassemblées autour des musiciens, les odeurs alléchantes de nourriture , les danseurs ... tout cela créer un brouhaha revigorant et excitant.

Je retrouvais mon sourire, essayant de graver toutes ces images dans ma mémoire.
Saprobion et moi cherchâmes une table vide à laquelle s'assoir et le géant semblait en avoir trouvé une. Je le suivis et vit une table ou deux places étaient libres. Mais un couple occupait les autres sièges, ne nous prêtant aucune attention, même lorsque Saprobion s'enquit des deux places vides restantes. Il finit par hausser les épaules et m'invite à m'assoir.

Nous commandons à manger et à boire et je dois me retenir de sauter sur mon repas, affamée comme jamais. Je soupire de plaisir à la première bouchée, ravie de sentir enfin mon ventre se remplir convenablement.

La musique enjouée comble le silence entre mon compagnon et moi-même, chacun savourant son repas. Quand enfin je repose mon couvert, je me sens mieux, souriant de plaisir en essuyant mes lèvres. Je profite du spectacle pour regarder les danseurs au milieu de la place qui dansent en rond, leurs gestes s'harmonisant pour former une ronde ondulant au rythme de la musique.

Mais alors que j'allais montrer du doigt le groupe de danseur à Saprobion, je ne le vois plus à sa place mais à mes côtés, debout, me tendant la main.

Son regard me coupe le souffle et sans réfléchir, je pose ma main dans la sienne.
Un courant électrique traverse ma paume quand je touche la sienne mais au lieu de chercher à adoucir ce contact, je resserre ma petite main contre celle du géant.

Il nous guide vers la piste de danse et nous voilà à rejoindre la ronde. Je ne lâche pas sa main, tournant mon regard vers lui. Je ne sais pas danser ... Mes yeux sont remplis d'appréhension mais quand la musique reprends, je n'ai plus le temps de réfléchir et nous voilà emportés dans un tourbillon de rire, sautant, tournoyant dans cette rosace humaine. J'ai un peu de mal à suivre le rythmer mais au bout de quelques instants , je parvins à être dans le tempo et je finis même par glousser, amusée par cette danse, par le sourire des danseurs , sentir mon coeur battre aussi fort que les notes de musiques. Je commence à avoir un léger tournis mais je ris, me sentant libre et heureuse.

Le temps semble s'évanouir au profit d'une nuit endiablée de danse, et je ne sais pas combien de temps nous dansons ainsi. Je ne perçois que la main de Saprobion et mes doigts croissaient dans les siens.

Je commence à être à bout de souffle et quand enfin, la ronde s'arrête que tout le monde éclate de joie et applaudit la troupe de musiciens, je retrouve enfin mon souffle, les joues colorés par l'effort.
Mais l’ambiance change quand les ménestrels entament un nouveau morceau et quand je vois tout le monde se mettre par deux, je n'hésite pas et m'approche de Saprobion.

Danser avec toi:

Mais je suis intercepté par un jeune homme qui me prends par la taille et me fait tournoyer au rythme endiablé de la musique. Saprobion est aussi embarqué par une femme à forte corpulence. Je ne peux m’empêcher de lui jeter un clin d'oeil amusée.

Je me laisse porter par mon clavier, un peu maladroit mais heureusement dans cette danse, les cavaliers changent de partenaires à chaque nouvelle mesure.

Au bout de 5 ou 6 partenaires différents, alors que la chanson se termine  doucement, je me retourne , m’apprêtant à me retrouver de nouveaux au bras d'un inconnu mais c'est la poigne ferme de Saprobion qui se pose sur ma hanche et ce sont ces sombres prunelles qui croisent mon regard.

Je lui souris alors que nous tournoyons , mes cheveux flottant dans mon dos comme un étendard d'Or et la musique s'arrête doucement alors que mon rire s'étiole dans la nuit noire.

La danse m'a rendu euphorique, mes yeux brillent d'une lueur joyeuse et je ne peux m'empêcher de sourire quand mes mains se serrent sur l'épaule et le bras de Saprobion. Nous laissant emporter par les dernières notes de musique, nous évoluons sur la piste, finissant même par y être seuls, les autres danseurs s'étant retirés vers les stands.

Bien que je n'ai aucune envie de relâcher mon étreinte sur Saprobion et que nos regards restent unis , le fait d'être les seuls encore sur la piste nous fait finalement rompre ce contact, le géant proposant d'aller boire quelque chose.

La gorge soudainement sèche, j'acquiesce et nous déambulons vers les stands pour trouver quoi boire. Saprobion a empoigné ma main de manière si naturelle que je reste un peu abasourdie, la lui laissant néanmoins , intimidée mais trop fatiguée pour dire quoi que ce soit.

Je n'ose pas resserrer ma main dans la sienne, résistant tant bien que mal à cette envie, essayant de penser à autre chose en observant les stands.

Enfin sorti du brouhaha , des bousculades et relents d'épices , nous prenons place à un petit stand, Mon compagnon prenant de l'hydromel et moi du Moretum, un vin sucré à base de mure et de miel fermenté. La douce brûlure sucrée du vin me réconforte et je finis plutôt rapidement mon verre, recommandant un autre.

- C’était une belle soirée…. Tu t’es bien débrouillé sur la piste, je t’ai senti pas très rassuré au début.

- Merci mais tu t'en est mieux sorti que moi, je trouve ! Et oui ... je ne sais pas très bien danser alors j'avais un peu peur de tomber ou d'être trop maladroite ... !

Je ris en repoussant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Bonjour l'Ambiance si j'étais tombé en plein milieu de la danse !

- Mais ça m'a fait plaisir de retourner à un festival ! J'avais déjà pu participer à deux trois festivals ici mais en général ils se déroulaient dans les grandes villes !

Pendant que je racontais mes précédents festivals à Saprobion, je le vis et sentis approcher, se positionnant vers moi comme pour m'entourer. Son visage était proche du mien et je me demandais, l'espace de quelques instants s'il ne comptait ps m'embrasser. Je relevais le mien vers lui, mon regard cherchant ses prunelles. Mon corps était tendu et je crois qu'en cet instant, je l'aurais laissé m'embrasser ... Mes lèvres se tendirent même vers lui mais ... rien.

Au lieu de cela, il proposa que nous retournions à l'auberge pour nous reposer.

J’eus du mal à cacher ma deception. Finissant mon vin d'une longue gorgée, je me levais et suivait le géant.

Ce qu'il venait de se passer ... me laissait perplexe et frustrée .... et cette frustration m'angoissait furieusement. Mon état de fatigue ne m'aidait pas à réfléchir correctement à mes sentiments ... qu'avais-je espérer ? Cela n'aurait-il pas rendu les choses plus compliqués que nous nous ... enfin ... Mince... j'étais mariée. Ce n'était pas bien ce que je faisais.

Je secouais la tête, marchant un peu en retrait du géant, les poings crispées par toutes les émotions et pensées qui se mélangeaient en pagaille dans ma tête.

Nous montâmes en silence à notre chambre et la vision du lit solitaire m'attrista. Allions nous devoir jouer à la courte paille pour savoir qui allait y dormir. A part le sol, il n'y avait pas d'autres endroits ou dormir.

J'allais me résoudre à lui laisser le lit et à me blottir sur le sol mais le guerrier proposa de partager le lit. Sans le regarder, je déglutis. Être aussi proche de lui ... ? Ce n'était que le temps d'une nuit mais l'idée de partager les draps avec lui me rendait nerveuse et .... fiévreuse.

- Ça me va, oui.

Saprobion se tourna et commença à se dévêtir. Faites qu'il ne dorme pas ... sans rien.

Je me tournais à mon tour, mal à l'aise mais n'ayant pas d'autre endroit pour me déshabiller, je me dépêchais de me dévêtir et de passer la tenue de nuit que j'utilisais pour dormir. Sans manche, descendant à peine en dessous de mes fesses, deux tissus jouant sur la pureté du blanc et la transparence d'un fin voilage avec, sur le haut du vêtement , des fils d'Or rehaussant richement la tunique.

Mais ce n'était pas un défilé de mode et je me cachais bien vite sous les couvertures, me faisant le plus petite de mon côté, craignant de prendre trop de place. Je restais droite, n'osant prendre mes aises, observant le plafond ou danser le reflet des rayons lunaires. Mes yeux grands ouverts, j'essayais de calmer ma respiration sifflante, tirant la couverture jusqu'à mon nez pour ne laisser paraître que le haut de mon visage.

Malgré la fatigue et la journée éprouvante, je ne parvins pas à trouver le sommeil immédiatement.

La respiration lente et régulière de Saprobion finit par me bercer et après avoir laisser mon esprit vagabonder sur les derniers évènements, je me laisser aller , me roulant en boule sous les couvertures.


La nuit fut fraîche et je me tournais quelques fois dans mon sommeil, cherchant inconsciemment à me réchauffer et quand enfin, je trouvais la bonne position , je m'endormis plus sereinement jusqu'au petit matin. Entre sommeil et éveil, je flottais doucement, savourant la chaleur contre ma joue.

C'était étrange ... Mon coussin est vraiment chaud ... et dur aussi ... et ... Je ne suis plus sur le dos mais le ventre... Ma jambe est calée contre quelque chose de chaud ... enfaite ... je suis allongée sur quelque chose de chaud .

Je bouge un peu et je me raidis quand je sens que quelque chose empoigne mes fesses ... Je finis par ouvrir les yeux.

Le regard sombre de Saprobion se reflète dans le mien. Je reste pendant quelques secondes figée, sans comprendre comment je me suis retrouvée ... ainsi.

Je suis carrément blottie contre lui , ma main sur son torse, mon corps allongé sur la moitié du sien, une de mes jambes entre les siennes et surtout ... Sa grande main est posée sur mn postérieur découvert, ma tunique s'étant redressée surement quand j'ai bougé.

Mon torse est appuyé contre le sien, je peux sentir ces muscles et ces pectoraux contre mes seins.

Une idée de leur position:

Oh la vache ... Pourquoi je me sens horriblement .... fiévreuse .... excitée ... à présent ... ? Au secours... !!

Mes ailes sont ouvertes et nous couvrent comme un voile de plume , mon cœur cogne dans ma poitrine, mes cheveux ébouriffés cascadent sur mes épaules et plongent dans mon décolleté facilement visible dans ma position. Je reste bêtement là , à contempler Saprobion, m'appuyant sur son torse, légèrement redressée au dessus de lui, ma chevelure nous couvrant dans un voile d'Or.

- Oh ... putain.

Je rougis de ma proximité, de ma vulgarité et j'ai envie de crier.
Je suis allongé sur lui et il me tient par les fesses .... !!!

Ma réaction est immédiate, sous le coup de l'émotion , je me redresse, et tombe en arrière sur le lit , mes ailes battant un peu trop frénétiquement comme si j'essayais de me propulser en arrière.
Dans mon mouvement, j'embarque une couverture, couvrant mon buste avec.

- Ooh .. je .. je suis désolé ! Je ... voulais pas te grimper dessus ... euh .. non, je veux dire ... être sur toi ...Non ! ... Je ... enfin DORMIR sur toi !!

Je crois que je suis entrain de couler à pique là .... !!!!

- Je ... j'ai du avoir froid cette nuit et ...

Bon ça y est, je suis rouge comme une pivoine et je n'arrive plus à le regarder.

- Vraiment désolé !!!

J'ai envie de me cacher sous la couverture mais je repense aussi à la main de Saprobion.

- Et ... euh ... pourquoi .. tu ... enfin ... avec ta main ... tu ... ?

Pourquoi je pose la question ??

Ambiance:

Parmi mes bafouillages, je peux percevoir les commissures de la bouche de Saprobion se retrousser un peu. Il .. Il a envie de rire ?
Je l'amuse ?

Je ne sais plus trop quoi penser ... être en colère ? Rire ? Le houspiller ?

Mais quand je le questionne sur sa main un peu trop baladeuse, il perds son air goguenard et lui aussi se dépêtre dans de drôles d'explication.

- Ce n’est pas ce que tu crois, enfin si c’est ce que tu crois…  Mais il n’y avait aucune intention cette fois-ci !


" Cette fois-ci" ???? Je reste abasourdie ... Alors il y a des fois ou ... il avait des attentions bizarres à mon égard ??

C'est vrai qu'à certains moments ... c'était plutôt ...

- Oublie ce que je viens de dire

Il s'excusa, les joues rougies de honte.

Nous n'en menions pas larges tous les deux, gênés au possible, osant à peine se dévisager.

Je serrais la couverture entre mes poings crispés, cachant mon corps , maigre protection.
Je sentis Saprobion  bouger sur le matelas et releva la tête pour le voir s'approcher.

J'avais envie de reculer mais j'étais coincée contre le bord en bois du lit, figée par le regard du jeune homme.
L'image qui me vint à cet instant était un prédateur face à sa proie. J'étais complètement à sa merci , hypnotisée par ces prunelles sombres , son regard intense ...

Ma bouche s'assèche quand il me surplombe, son ombre se pose sur moi, son visage est si proche du mien. Ma respiration faiblit et mon cœur manqua un battement quand , du bout du doigt, Saprobion frôla ma lèvre, en caressa la chair charnue, dessinant une myriade de frisson sur mon visage, se répandant en sursaut brulant dans tout mon corps.

Il ... il va m'embrasser .... Ai-je envie ... ? JE ... Je devrais lui dire non .. normalement ... Mais ... je ... j'ai envie ...  

Mais quand il passe sa langue sur sa lèvre, j'ai une furieuse envie de l'embrasser, d'empoigner sa nuque, de plonger mes doigts dans ces cheveux pour le plaquer contre moi ...

Sa main continue sa découverte en glissant sur ma gorge. Je me retiens de gémir , me cambrant un peu, les lèvres entr'ouvertes pour laisser s'échapper un souffle chaud et tremblant. Sa main se faufile dans mes cheveux, Nos nez se frottent l'un contre l'autre, une douce caresse se finissant en esquive pour que nos bouches se rencontrent.
Je tends les miennes avec ardeur, désireuse de savourer ses lèvres ... de laisser parler mes envies à son égard ...

Son souffle sur ma bouche ... Son regard enivrant ... Je ferme les yeux et approche ... ne pensant plus qu'à l'embrasser ardemment.

Pourtant le destin en a décidé autrement (celui-là si je l'attrape... !!!! ) et quelqu'un toque à la porte , entrant sans qu'aucun de nous deux ne l'ai autorisé et une demoiselle approche, des vêtements dans les bras.

- Excusez moi, je vous apporte vos tenues de voyage !

Je rouvre précipitamment les yeux et tourne la tête vers l'arrivante. Je me sens coupable , mal à l'aise qu'on nous ai surpris dans cette ... situation.

Je me relève donc et approche de la demoiselle, lui prenant les habits des bras, la remerciant rapidement ... peut-être même un peu sèchement, frustrée au possible d'avoir été arrêté net ... La femme file sans demander son reste.

Je pose nos affaires sur le lit et reste silencieuse ...

Devrions-nous parler de ce qu'il vient de se passer ou faire comme si de rien n'était ... ?
Je ne sais pas du tout quoi faire.

Et si je lui parle ... que pourrais-je lui dire exactement ... ?
"Je suis mariée mais j'ai envie de t'embrasser !"

Il avait l'air d'en avoir envie aussi ... Mais moi... je n'avais pas le droit ... d'avoir envie ... Même s'il n'était pas avec moi , c'était comme tromper mon mari ...


Je ne parvins pas à ouvrir la bouche et finalement, j'attrapais ma nouvelle tenue et sans rien ajouter, me tint à l'autre bout de la pièce pour m'habiller, tournant le dos à Saprobion pour qu'il ne voit pas mon buste dénudé. Je m'habillais en quatrième vitesse et sans un regard, je  me dirigeais vers la porte.

- Je vais prendre mon petit déjeuner, je t'attends en bas.

Ma réaction était surement déraisonnable mais je me sentais bouleversée par ce qu'il venait de se passer. Je ressentais du désir pour un autre... mais je n'avais pas le droit !
Je sais que si j'avais embrassé Saprobion, je n'aurais eu aucun regret ... ce qui me rendait encore plus coupable et lâche vis à vis de mes obligations maritales ...

Je pris un thé et , le ventre noué, m'assis à une table, appuyant mon front contre ma main, laissant mon regard se noyer au fond de ma tasse.

Qu'est ce que je pouvais faire ... Devrais-je arrêter la quête avec Saprobion... ? Lui dire clairement non ... ?

Je soupirais , soudainement épuisée. Je n'avais pas envie d'être une de ces femmes qui trompent leurs maris... même si ma vie était clairement ... m**dique avec lui , je ne pouvais me résoudre à abandonner. Et pourtant ... J'étais irrémédiablement attiré par Saprobion... J'aimais la manière dont il se souciait de moi, prenant soin de moi ... rire avec lui et partir à l'aventure à ces côtés...

Pourquoi ne pouvais-je pas simplement effacer ce que je ressentais d'un simple claquement de doigt ... ? Tout serait beaucoup plus simple.

Saprobion finit par me rejoindre et essuyant rapidement mes yeux un peu trop brillant, je ressortis l'indice pour l'analyser. Nous étions dans la bonne ville.

- Je te propose qu'on cherche l'indice et avant de repartir de la ville, on fasse le plein de provision. Autant s'encombrer uniquement avant le départ , non ? On dirait que l'indice est situé dans ce quartier là.  

Ouvrant ma carte, je zoomais sur notre position et fit coulisser la carte jusqu’à l'endroit ou je pensais que l'indice se trouvait.

-Ce n'est pas très loin, on devrait y faire un tour, qu'en penses-tu ?

Saprobion ne pipa mot quand je proposais de continuer notre quête. Il ne fit aucun commentaire sur ce qu'il venait de se passer dans la chambre. Ce constat m'attrista. Il acceptait la situation sans broncher ... Je crois que j'aurais encore préféré sa colère que son silence.

Ravalant ma peine, nous nous penchâmes donc sur le quartier ou devait se trouver l'indice et le géant finit par ouvrir la bouche pour désigner une zone plus réduite, approuvant et m'annonça m'attendre pour partir.

J’acquiesçai et délaissant ma boisson à moitié pleine, je me relevais et retournait dans la chambre pour prendre mes affaires.
Il avait déjà pris les siennes.

Je rangeais les miennes essayant de ne pas penser, clôturant mes pensées pour ne pas flancher. Pourtant je tournais la tête vers le lit et frôla le coussin ou il avait dormi, le regard dans le vague. Si nous n'avions pas été interrompu ... jusqu’où serions-nous aller ?
Je n'arrivais pas à me sortir ces images qui m'assaillaient ... Saprobion et moi, nos lèvres unis, nos mains partant à la découverte de l'autre, la moiteur des corps ...

Un long soupire brisa enfin ces pensées indécentes et reprenant mon souffle, les joues échauffées, je prenais mon bâton et sorti de la chambre.

Nous partîmes sitôt que je fus en bas.

Comme un coup de baguette magique, l'ambiance festive avait disparu mais entre Saprobion et moi la tension semblait être de retour. Je regrettais déjà nos rires d'hier soir. Nous ne parlions pas beaucoup et le silence pesait sur nos épaules. Je gardais mon regard rivé sur la carte pour me donner une excuse de ne pas regarder du côté du guerrier.
Le quartier ou l'indice devait se trouver était une zone décharnée ... pauvre et semblait même abandonnée. Loin du centre du village, tout ici était gris, terne, vieux.

Nous étions au bon endroit mais il nous fallait à présent trouver la bonne maison.
Elles se ressemblaient toutes ... Pourtant Saprobion semblait étudier plus intensément une maison qui avait l'air plus sinistre que les autres. Dans un piteux état, la maison pourtant avait un détail qui clochait : La porte était en bon état ce qui choquait avec les murs défraichis.
C'est à cet instant que je sentis les affres de la magie autour de la maison. Et Saprobion semblait penser la même chose car il ouvrit le loquet de la porte et me fit signe de rester silencieuse. Hochant la tête, je le suivis et ce que nous découvrîmes attestait de ce que j’avais ressenti : La maison avait été enchanté.

La porte s'ouvrait sur un grand hall et tout était neuf, propre et somptueusement décoré.
Je restais stupéfaite. La différence entre l'extérieur et l'intérieur était saisissante.

N'ayant jamais vu de maison si luxueuse, je restais muette même sans la demande de Saprobion. J'observais les lieux avec de grands yeux, oubliant presque notre objectif premier.

Les pièces ruisselaient d'objets plus couteux les uns que les autres. Je me fis la remarque que je me verrais bien vivre dans une telle maison, n'ayant jamais eu la chance d'être de la catégorie des "riches". La cuisine, immense, aurait ravie la moindres des cuisinières et je tendis mes mains face au feu qui ronronnait dans la cheminée. Mais toujours aucune trace de l'indice.

Nous montâmes au premier étage, ouvrant une première porte sur une belle chambre avec un grand lit à baldaquin ... mon rêve ...

Mais notre analyse fut brusquement interrompue par un cri aigu venant d'une pièce voisine. Saprobion, plus rapide, fonça dans la pièce d’où venait le bruit.
Le suivant de près, je m'arrêtais sur le seuil pour comprendre la situation.

Une femme était au sol, le pied coincé dans un piège à ours, son sang salissait le sol et, en plus, le plafond descendait. Saprobion essayait de ralentir le plafond mais le poids semble être conséquent et il hurle tout en forçant, ses muscles bandés, usant de toute sa force pour soutenir le plafond...
Je le regarde quelques secondes ... il est si impressionnant ...

Mais la femme continue de crier, essayant de se débattre pour sortir son pied dont les dents métalliques se resserrent sur sa cheville ensanglantée.
Un coffre est ouvert sur une table, la femme est assise devant. Est-ce cela qui avait déclenché le piège ?

Je m'élance vers le coffre et jette un rapide coup d'oeil : Un flacon au fond. L'indice ?? Je réfléchis pas, l'attrape avant de refermer brusquement le couvercle. Mais rien ne se passe, Saprobion continue de souffler et de faire contre poids mais le plafond se rapproche.

- C'est pas vrai !!

Je me retourne et me précipite vers la femme.
J'ai un drôle de frisson quand je touche sa jambe ... Un frisson désagréable qui se propage dans tout mon être.
J'essaye de ne pas y faire attention et essaye d'écarter les dents acérés du piège mais j'ai beau forcer, les dents ne bougent que de quelques millimètres ... à peine. Le sang de la femme salit mes doigts et je vois que les dents lacèrent sa chair jusqu'à l'os. Je retiens un haut le coeur, priant tous les Dieux de m'aider à ne pas vomir.

Je relève la tête, cherchant du regard quelque chose qui pourrait servir de contrepoids quand, du coin de l'oeil, je vois un levier.

Le plafond est de plus en plus bas, Saprobion en mauvaise posture et je dois me pencher, une fois debout pour avancer et courir jusqu'au levier que j'enclenche immédiatement.

Un drôle de bruit se fait entendre comme un Crac ... et ... le plafond arrête de s'abaisser brusquement.  Je lâche un long soupir, n'ayant même pas remarqué que j'avais arrêter de respirer.

Mais sans crier victoire trop vite, je retourne près de la femme, sort une petite dague de mon inventaire et à force de pression, arrive à ouvrir l'horrible piège.

J'allais tendre mes mains au dessus de la jambe blessée de la femme quand cette dernière dévoile son visage. Ma main se fige.

Des prunelles sombres, des cornes pointues et dangereuses .... Et surtout ce sentiment de haine, de dégout, de peur qui se déverse sur moi. Sans la connaître ... je sais ce qu'elle est.

Une démone.

Tout se passa si vite que j'en perdis mon souffle pendant quelques instants, incapable de réagir.

Je me retrouvais face à une démone ... Ma haine ne m'empêchait pas de la regarder. Elle était ... belle, hautaine et démoniaque mais ... sublime.

Son regard ne me quittait pas et mon corps entier tremblait de fureur. C'était ... viscéral cette haine. Je voulais ... la tuer ... lui arracher ce sourire sadique de son joli minois.

Mais Saprobion me tira brusquement en arrière, se positionnant devant moi, son corps imposant en barrière infranchissable.
Pourtant une parole de Saprobion me réduisit au silence et me figea.

- Que fais-tu ici ?!

Saprobion connaissait cette ... femme ???!!

Je regardais tour à tour le géant et la démone , abasourdie par cette révélation.
D’où... ? Et comment ... ? Pourquoi la connaissait-il ?

La démone parla de "dû" et me remercia de l'avoir aidé. La bile me montait à la bouche. Je regrettais bien amèrement de l'avoir secourue à présent.

Saprobion tremblait de rage mais continuait de parler à la Démone... Pourquoi lui répondait-il ?

- Ne soit pas si désagréable avec moi veux-tu. Tu m’avais promis une âme, je viens simplement la prendre et en attendant, j’ai visité cette sublime bâtisse en attendant et tu connais la suite… N’est-elle pas faite pour moi ?

Une âme ... ?
Un horrible frisson glacé transperçait mon frêle corps en comprenant peu à peu la situation.
Les deux continuaient à parler alors que je reculais jusqu'à ce que mon dos ailé cogne contre le mur derrière moi, m'obligeant à m'arrêter. La moindre parole de la démone était une dague qui se plantait plus violemment en moi , me coupant le souffle et me vidait de mes forces

J'avais du mal à respirer ... je suffoquais même ... Saprobion m'avait amené ici pour me donner à cette démone ... ? Je ne comprenais pas ... Lors de notre première rencontre, il avait essayé de me tuer ... ce n'était pas logique alors que cette femme sous entende que Saprobion lui devait une âme, il n'aurait alors pas tenté de me tuer ... Ou alors ... Comme j'avais résisté , il avait changé de stratégie ... mais ensuite il m'avait entrainé ... Je ne comprenais plus rien... et nos taquineries, notre soirée au festival, notre danse ... le lit ? Quand nous nous sommes presque ... embrassés ? Tout ça n'avait été que ... manipulation ...illusion , un moyen d'endormir ma méfiance pour mieux me ... "livrer" ??

- Qu'est ... ce... que .. ça .ça veut dire .... Saprobion ?

Et qu'elle était cette histoire d'esclave ... ?  Que me cachait-il d'autre ? Pourquoi la démone semblait-elle savoir tant de choses sur Saprobion , son passé ... !

Me revint une pensée, douloureuse qui s’insinua dans mes pensées ... Je ne le connais pas ... pas du tout et je suis rester bêtement dupe et naïve ... Même dans une nouvelle vie, un nouveau monde avec de nouvelles règles, je me rendis compte que je restais la stupide cruche qui croit naïvement tout  ce qu'on lui dit...sans chercher plus loin.

- C'est ... c'est vrai ce qu'elle raconte ... ? Tu es un esclave et tu lui devais une âme ? Tu m'as manipulé pour ... m'offrir à cette ... démone ?

Mon regard brillait plus qu'à l'accoutumé quand je chercha les prunelles du géant, cherchant des réponses ... cherchant la vérité.

D'un coup, je me sentit vidée de mon énergie ... complètement idiote et dépassée par les évènements. Le désespoir et l'épuisement me donnait envie de partir , tout abandonner et retourner dans le monde réel loin de tout ça ... Même si je ne souhaitais pas revoir mon mari, je voulais retrouver ce quotidien terne et répétitif ou au moins, je savais ce qui m'attendait, les surprises et imprévus n'avaient pas leur place.

Saprobion finit par se détourner de la démone pour me dévisager. Le doute m'étouffait et je me rendis compte que j'avais arrêter de respirer quand il s'agenouilla devant moi et pressa sa main sur ma joue. J'inspirais douloureusement.

" Écoute-moi attentivement" Saprobion .... "tu me fasses confiance" Je ne sais ... pas " crois en moi." En ai-je la force ... ?

Ambiance:

Je ne peux rien répondre ... rien dire ...

- Je suis prête à vous céder ce que vous convoitez tous les deux à une petite condition chacun.

Saprobion se détourne à nouveau de moi et mon regard floué se tourne vers la démone.

Elle me demande de la soigner et ... elle ... demande un baiser à Saprobion.

Je veux ... la tuer ... !!!

Ma haine me vrille la tête par sa puissance et mes ailes tremblent , battant furieusement contre le mur . Je ne fais même pas attention aux griffures sur la pointe de mes ailes à force de se frotter contre le mur , mon attention est fixé sur ... elle.

Elle parle de Saprobion et moi,  mais je ne saisis pas ce qu'elle sous-entends.

Saprobion semble avoir compris et je vois son dos se crisper. Le rire de la démone me révulse et me glace le sang jusqu'à la moelle. De quoi parle-t-elle ? JE NE COMPRENDS PAS !!

- Je préfère prendre mon temps, c’est une personne que j’apprécie beaucoup à la différence de toi.

Il "m'apprécie" ... ? Pourquoi devrait-il "prendre son temps" ??

Étais-ce la vérité ... ? J'avais tellement envie d'y croire ... de croire que cet instant au réveil n'avait pas été juste une simple ... manipulation ... mais mon esprit s'y refuser obstinément ...
Une simple envie ... physique ... voilà tout ... cela n'avait été que ça ?

A nouveau Saprobion se tourna vers moi, semblant attendre que je décide ...

J'avais envie de rire, j'étais incapable de prendre une décision. Je ne savais même plus si Saprobion serait de mon côté si je décidais d'attaquer la démone ...

Il n'y avait donc pas d'autres choix ... et  bien que la quête me semble a cet instant vraiment dérisoire, je voulais seulement quitter les lieux ... m'enfuir.

Mon regard se vida d'un coup de toute émotion pour n'être que deux prunelles complètement vides. Je me mis en mouvement, contournant Saprobion sans le regarder, mon visage n'exprimant plus rien. Mon souffle , lent régulier comme seul musique et face à la démone ... finir à genou.... rabaissée, humiliée , avilie jusqu'au plus profond de mon âme.

Tendre mes mains au dessus de sa plaie ...
Ne pas réfléchir ... Ne rien ressentir qu'un immense vide ... un rien ...
Juste offrir un accord silencieux à cet être démoniaque ...

Laisser ma lumière s'étendre de mes paumes jusqu'à la jambe de la démone.

Se sentir brûler, consumer de l'intérieur en soignant cette... femme ... Mes ailes s'affaissant dans mon dos dans un silence plumeux.

User ainsi de ma lumière sacrée sur un être démoniaque et impur me blessait physiquement et , totalement contraire à mon être angélique. Mes mains me brûlaient comme posées sur du métal en fusion et je lâchais un faible gémissement de douleur alors que la plaie se refermait enfin et que la guérison se terminait.

J'étais vidée et me remettre debout fut tout aussi difficile mais une fois sur pied, je m'écartais en vacillant , retournant à ma place , toujours aussi silencieuse et prostrée, mes ailes trainant lamentablement dans mon dos. Puis je refis face à la scène , regardant dans le vide, essuyant le coin trop humide de mes yeux d'un geste inconscient.

A quel moment, la force mental d'un être vivent, cède t-elle sa place au plus grand désespoir ? Quand est-ce-que les ténèbres gagnent sur la lumière ?
Je ne le sais pas ... La Frontière semble si mince ...

Ambiance:

- Rien à dire, elle travaille bien. Dommage qu’ils perdent leur don de soin une fois corrompu.

Un douloureux frisson me traversa de part en part quand je songeais aux anges déchus qui avaient rejoint le monde démoniaque ... Des âmes si purs ... souillées ... détruites ....

Les souvenirs liés à Aurore, son histoire m’assaillirent et devinrent mien. La tristesse et l'horreur d'un souvenir particulièrement prit toute la place dans mes pensées :
Toute un bataillon d'anges se jetant dans les flammes de l'enfer pour grossir les rangs ennemis ... l'odeur de plumes roussis ... les âmes bannis ...

Des larmes peignirent un masque de douleur sur mon visage alors que je revoyais cet instant atroce dans l'histoire angélique.

Et à présent, je devais supporter d'avoir soigner une de ces créatures de l'enfer qui avait été surement actrice d'un tel drame. Mes mains en portaient les douloureuses marques d'un tel acte ... Les stigmates de mon acte ... des fardeaux éternels qu'aucun soin ne pourrait guérir

Mais comme pour me punir ou m'humilier encore un peu plus , la démone s'approche de Saprobion pour un "baiser".

Prostrée contre le mur, je ne peux détacher mon regard de cette scène. Saprobion ne semble pas à l'aise mais avance vers la démone ... Mes ongles crissent contre le mur contre lequel je m'appuie. Je me sens en trop ici ... comme une voyeuse face à deux personnes qui se connaissent.

Je ... je ne veux pas ... qu'il l'embrasse .... Non ... s'il vous plait ... empêchez les ...

Je donnerais mes ailes ... ma lumière pour ne pas voir ça ...

Pitié ....


Mais Nul Dieux .. nuls puissances ne répondit à mes prières et le regard de Saprobion vers moi avant qu'il ne se tourne pour embrasser la démone ne m'aidèrent à contrôler la tristesse qui saturait mon être.
Tombant sur les genoux, je les regardais, unis, l'un contre l'autre.
Mon cœur, traversait de pics douloureux, se déchirait en lambeaux sanglants. Ma gorge se serrait spasmodiquement ... je ne parvenais plus à respirer. Mon regard restait fixé à leur étreinte .... les lèvres de la démone pressé contre celle du géant. Les larmes s'étaient taries. Je n'avais plus la force de pleurer ... seulement d'être spectatrice.

Enfin, mes yeux se baissèrent quand Saprobion rompit leur charnel contact.

Leurs voix me parvenaient de loin ... l'odeur de souffre me fit trembler plus intensément mais je ne relevais toujours pas la tête. Le fracas du meuble explosé sur le sol ne me perturba pas ...

Puis ... le silence...
La démone partit ...

Saprobion face à moi ne bougeant pas. Je ne voyais que ces pieds ...
J'entendis du bruit, le vague éclat de sa voix, sa main fouillant son sac.
Il me fit relever la tête et me présenta une fiole .. une fiole de soin.

Il l'ouvrit, me demandant de la boire. J'ouvris la bouche docilement, laissant le liquide remplir ma bouche et goûter à la commissure de mes lèvres,l'avalant par réflexe. Mais la blessure n'était pas physique ...

Mes paumes ne me brûlaient plus mais elles gardaient des cicatrices ineffaçables. Je regardais mes mains sans les voir, suivant vaguement les dessins formés par mes stigmates.

Je me remis debout. Je tenais à peine sur mes jambes mais je devais bouger ... je devais sortir d'ici. Ne pensant qu'à cela, je m'avançait vers la porte de la chambre, mes ailes toujours défaites dans mon dos, descendant l'escalier en silence, me coinçant le bout d'une aile en tournant pour me diriger vers la sortie.

D'un coup d'épaule, je tirais mon aile pour la libérer, ne faisant même plus attention au fait que je venais de m'arracher quelques plumes par ce geste brusque, les laissant derrière moi, coincés entre un barreau de l'escalier, ne réfléchissant pas non plus à la douleur qui irradiait à présent cette partie là de mon anatomie . Je n'avais qu'un objectif : Sortir. Sortir le plus vite possible.

Je m'extirpais de cette maison maudite.

Dehors il pleuvait ... L'air était froid et portait le relent de cendre et de sang.

Je levais mon visage pour l'offrir au ciel et me retrouva rapidement trempée.

Mon corps tremblait nerveusement ... Dans l'attente de quelque chose.
Une envie ... non un besoin ... un besoin viscéral de .... de liberté.

De hurler toute ma rage, ma peine , mon désarroi, mon désespoir.

Alors ...dans une sorte d'inconscience indolente, mes ailes se déployèrent, majestueuses.

Et dans un soupir, je m'élançais vers le ciel, m'envolant pour la première fois.

Spoiler:

Mes ailes battaient avec force et je m'élevais toujours plus haut , la pluie battante griffait mon visage et mon corps mais je n'y faisait pas attention ... je voulais m'élever !!

Et enfin, au plus haut du ciel à la lisière des nuages, j'éclatais !

Dans un hurlement mêlant tous mes sentiments, ma lumière explosa,aveuglante, infinie , comme un phare dans une nuit sans lune . J'éblouis le petit village de mon désespoir et de ma haine, ma tristesse et ma colère dans un cri indescriptible.

Ma voix  et ma lumière s'éteignirent petit à petit ... jusqu'à être inexistantes.

Mais à cette hauteur, le froid me glaçait complètement et c'est sans force et vidée de toute énergie que je me laissais chuter , plongeant en piquet vers le sol, mes ailes autour de mon corps inerte.


Le sol se rapprochait. Usant de mes ultimes forces, je ralentis ma chute de quelques battements d'ailes et finit ma chute avec douceur, tombant non loin de Saprobion.

Le gris du ciel se répercuta sur mes prunelles et , le visage tourné vers le ciel, je laissais mes larmes se mêler à la pluie.

Ma voix brisée emplit le silence et j'invoquais ma lumière pour guérir Saprobion, lui délaissant le reste de ma vitalité afin de le remettre sur pied.

Ceci fait, je fermais les yeux, cherchant le repos ou la mort comme échappatoire à cet instant.

Des prunelles sombres ... si tristes m'observent.

Je me noie dans leur intensité, dans leur profondeur.

Je chute ... Mes ailes inutilisables

Je m'éloigne de toi ... Je tends la main mais c'est une autre femme qui est contre toi.
Cette femme porte mes traits mais sa chevelure est de la couleur d'une nuit infinie.

Puis ... une chaleur ... fugace sur mes lèvres ....

Ambiance du rève :

J'ai peur ... je suis seule ...

C'est avec ces sentiments que j'ouvre les yeux.

Je ne reconnais pas immédiatement la pièce dans laquelle je suis. Mon corps est aussi lourd que du plomb. Je n'arrive même pas à bouger un bras ... à peine à tourner la tête.

La pièce me rappelle l'auberge. Après un long effort, je parvins à me redresser, repoussant l'amas de couverture. Oui ... je suis bien à l'auberge ... Mais ou est Saprobion ?

Il n'y a personne dans la pièce ... Que c'était il passé la vieille ... ? Comment avais-je atterris ici ? Et notre quête ?
J'essayais de remettre en place mes souvenirs de notre escapade en ville ... nous étions allé dans un des anciens quartiers du village ... la maison était misérable vu de l'extérieur ... Alors qu'à l’intérieur, tout était propre, bien entretenue et luxueusement décoré... Nos recherches qui n'avaient aboutis à rien ... et ... la rencontre avec cette ... démone.

Sursautant en repensant à elle, je levais mes mains. Mes paumes portaient encore des stigmates. Après cela tout s'embrumait dans ma tête ... Saprobion qui me regardait , mal à l'aise ... un rire lugubre qui me fit frissonner rien qu'à y repenser ... L'odeur de souffre .... la tristesse ... pesante, étouffante.

La pluie sur mon visage ... Ce besoin de m'enfuir.

Serrant mes bras autour de mon corps, je me rendis compte que sous le draps qui entourait mon corps, je ne portais plus de vêtements. Qui m'avait déshabillé ... ?

Mes questions furent stopper par l'entrée d'une demoiselle. Son visage me parlait. C'était elle qui nous avait interrompu alors que Saprobion et moi étions sur le point de nous ...

Je rougis à ce souvenir et regarde l'arrivante qui semble surprise de me voir réveiller. Elle appelle quelqu'un et l'aubergiste arriva dans la chambre. je tirais le draps pour cacher ma nudité mais tous deux semblaient soulagés de me voir éveiller. L'aubergiste approuva d'un sourire goguenard et demanda à la demoiselle de me faire couler un bain bien chaud et qu'il ferait monter un repas pour moi.

Je regardais les deux personnes, perdue et dans l'incompréhension mais quand enfin l'aubergiste ressortit de la pièce et que la femme s'approcha pour m'aider à me lever.

Je la questionnais , avide d'information alors qu'elle me tenait pour m'aider à me m'assoir dans le bain.

- Ou est Saprobion ? Que s'est il passé ?

La demoiselle répondit comme elle put à mes questions tout en me lavant soigneusement.
Saprobion m'avait ramené ici, inerte , les ailes sans force et j'avais dormi pendant 2 jours. Saprobion était parti quelques heures auparavant. Je commençais à paniquer... Il était parti ??? Ou ça ? Et pourquoi m'avait il laissé ici ??

La demoiselle sentit mon angoisse et tenta de me calmer mais j'avais froid à cette nouvelle et l'eau chaude ne me faisait plus rien. Me recroquevillant sur moi-même , les bras entourant mes genoux, j'essayais d'endiguer la tristesse qui risquait de m'envahir. J'avais donc tout gâché  et il en avait eu assez de ma présence. Il avait préféré partir pendant mon sommeil ...

- Mais ... euh ... je crois qu'il vous a laissé un mot !

- Un ... mot ?

Me redressant d'un coup, ne prêtant pas attention à l'eau qui coulait du bac d'eau, je fis le tour de la pièce jusqu'à voir la lettre sur le lit.
La demoiselle râlait dans mon dos et je m'excusa m'enroulant dans une couverture alors qu'elle épongeait l'eau qui goutait de mes ailes trainant toujours au sol. Je n'avais pas retrouvé mes forces à cette partie là de mon corps mais pour l'instant, j'ouvrais la lettre de Saprobion pour la lire.

La demoiselle termina d'essuyer mes ailes et d'éponger l'eau au sol et finit par sortir de la chambre ou je me retrouvais seule, lisant et relisant les mots du géant.

Tant de questions ... d'émotions ... s'entremêlaient dans ma tête ...
Ainsi il croyait que j'aimais mon mari et que je voulais retourner auprès de lui ... ? C'était ce que normalement toute femme marié se devait de faire ... Et en repensant à notre conversation quand il m'avait questionné sur ma situation amoureuse ... je n'avais rien dit de mes vrais sentiments à l'égard de mon mari ... Il était donc aisée de penser que mon silence était une gêne timide et un manque vis à vis de mon mari ...

Et surtout ... "j'éprouve sincèrement des sentiments pour toi" ... Oh ... m'aimait-il donc ?
Je ne devais peut-être pas m'emballer ... il parlait de "sentiments" mais il existait beaucoup de sentiments ... l'amitié .... l'affection ...

Je ne savais plus quoi penser ... ni ce que moi , je devais penser.

Me relevant du lit, je fis quelques pas. Mes ailes n'avaient plus de force ... que s'était il passé pour qu'elles se retrouvent dans cet état ... ?

Trop d'instant étaient encore flous et je ne comprenais pas tout mais ... je savais une choses : Je ne pouvais pas attendre qu'il revienne. Je devais le voir.

Cette seule certitude me donnait la force de m'activer, d'enfiler ma tenue de voyage, rassembler mes affaires et préparer mon départ. Je devais savoir ou il était parti ...
Le 3ème indice ??? Mince... je ne me souvenais pas si nous l'avions trouvé !
Si Saprobion était parti, c'est qu'il l'avait trouvé !

Je commençais mon enquête auprès de la serveuse et de l'aubergiste. Ils ne me fournirent que peu d'information sur la destination de Saprobion mais ils ne manquèrent pas d'éloge sur les bons soins qu'il m'avait prodigué, veillant sur moi à chaque instant.

- Oui ... Saprobion est un homme formidable. Je le sais.

Je leur demandais encore ou trouver les écuries et les vendeurs. Ils m'indiquèrent le chemin à suivre.

Je partis donc faire des emplettes pour le voyage et continuer à chercher des informations sur l'endroit ou était parti mon compagnon de voyage. J'eus de la chance de tomber sur des vendeurs fort bavards qui me rapportèrent les questions de Saprobion pour aller au Sanctuaire. J'ouvris ma carte pour voir ou cela se situait. Ce n'était pas à côté et il faudrait un peu de temps encore à Saprobion avant d'arriver là-bas. D'après les marchands, il avait déjà plusieurs heures d'avance sur moi. Le temps m'était compté et à pied, je ne pourrais jamais le rattraper.

L'on me conseilla de louer une monture et vu mon sens de l'orientation, D'acheter un GPS.
L’appellation me fit sourire.

Une fois mes achats effectués, mon sac bien rempli, je me dirigeais donc vers l'écurie, rencontrant en chemin, mamie poigne de fer. Elle claudiqua jusqu'à moi avec un grand sourire, soulagé de me voir sur pied. Elle me serra fort dans ces bras, j'en eu le souffle coupé. Elle m'interrogea sur ma santé et me demanda pourquoi mes ailes trainaient ainsi dans mon dos.

- Et bien ... je ne sais pas ... A mon réveil, elles étaient inertes .... J'arrive à peine à les bouger ... Je ... je me souviens pas trop de ce qu'il s'est passé avant que je ne ... sombre ... Et mon compagnon de voyage est parti ... Je dois le retrouver !

L'étrange grand-mère me regardait avec un sourire mystérieux et hochait la tête sans rien ajouter si ce n'est que je devais retrouver Saprobion. Elle ajouta une phrase avant de s'en aller :

" Comme avec tes ailes, il y a des choses qu'il ne faut pas forcer mais les laisser venir toutes seules, laisser le temps faire et ne pas se fermer inutilement des portes, jeune ange."

Elle me laissa avec cela et s'en alla, me laissant perplexe et intriguée. Que voulait-elle dire par là ?

Mais le temps pressé et gardant cette phrase dans un coin de ma mémoire, je filais à l'écurie pour louer un cheval. Je laissais de quoi le garder le temps de ma quête , proettant de le ramener à la fin de ma mission.

Le soleil touchait son zénith. Je devais partir.

J'avais une direction ... et un objectif.

Mon cheval s'élança sur la route poussièreuse dans un galop souple et bien que mal à l'aise, je m'accorchais, le regard droit devant moi.

" C'est toi qui va m'attendre Saprobion ... Je ne te laisserais pas partir seul sans moi."




L'après midi était bien entammée quand enfin ... au loin , je pouvais apercevoir les colonnes immaculés du sanctuaire. J'étais épuisée par mon voyage mais mon cheval tenait le coup et usait d'endurance pour rattraper Saprobion.

Au fur et à mesure que je me rapprochais de lui, mon coeur tambourinait avec fracas... Qu'allais-je lui dire ?

Javais essayé de mettre de l'ordre dans mes pensées mais tout semblait confus ...
Saprobion était ... malgré le commenement tumultueux ... un roc puissant sur lequel je pouvais me reposer. Il prenait soin de moi ... Sa proximité me rassurait ... et  ... Il me manquait quand il n'étais pas là ... mon regard chavirait toujours vers lui ...

Mais comme il l'avait souligné, j'étais mariée et je n'avais aucune idée de quand je rentrerais dans le monde réel ... Qu'allait il se passer quand je reviendrais ... ? Je devais rester fidèle à mon mari ... continuer à me battre pour ça ... mais ... Quand Saprobion était en ma compagnie ... j'oubliais mon mari ... j'oubliais mon ancienne vie.
J'avais moi aussi... des sentiments pour lui ... et c'était douloureux à supporter ... douloureux de se dire que je ne pourrais jamais pleinement répondre à ces attentes en restant mariée .


La solution de facilité serait de m'enfuir ... partir loin de Saprobion et laisser le temps cicatriser nos plaies ... mais ... d'imaginer cela me coupait le souffle et ma gorge se serrait, laissant le goût apre de la tristesse envahir ma bouche et faire briller mes yeux.

Je ne pouvais pas m'éloigner de Saprobion ... malgré les quelques affres de souvenirs qui me revenaient du passé de Saprobion ... je voulais le revoir. Me plonger dans son regard, relever la tête pour le regarder ... le taquiner, le faire rire... le protéger.

Mes larmes coulent sur mon visage sans que je ne m'en rende compte et en reprenant conscience de l'instant présent, je vois non loin de moi une grande silhouette sombre entrer dans le sanctuaire. Saprobion !!!

Mon coeur manque un battement mais je claque les renes de mon cheval pour qu'il accélère. Essuyant mes joues, je dirige le cheval vers l'entrée, sautant au sol avant même qu'il n'ai arrété sa course.

Je courais à en perdre haleine, sentant encore la fatigue de mon corps et le poids de mes ailes dans mon dos mais ne m'arrêtais pas avant de voir le dos de Saprobion devant moi. Un sourire naquit sur mon visage à nouveau trempé de larmes alors que je l'appelais d'une vive voix.
Quand il se retourna, je sautais littéralement vers lui pour le serrer contre moi , même si avec la différence de taille, ma tête arrivait au niveau de ces clavicules, mes bras ceinturant son torse puissant.

Je le serrais contre mon coeur... Mon corps avait réagi avant ma tête mais je ne voulais pas le lâcher , je ne voulais plus réfléchir ... je voulais seulement être dans ces bras ... seulement être là ou je me sentais bien ...

- Pourquoi m'as tu laissé seule .... Saprobion ?