Un nouveau jour se lève sur la grande capitale, un autre jour pour le gladiateur qui était déjà debout. Il se réveillait au lever du jour et débutait par un entraînement assidu et intense avant de penser à se restaurer. Il souffla , prit une serviette, s’essuya brièvement avant de prendre un bain.  Une bonne journée de repos pour le combat de la veille. Son adversaire était assez coriace pour son genre. Un grand nordique à la barbe longue tressée. Les cicatrices qui arboraient témoignaient de ses nombreuses victoires.  Saprobion bailla largement, se laissant se détendre par la chaleur de ce bain. Il se demandait à quoi pourrait bien ressembler son prochain adversaire et si celui-ci saurait lui tenir tête plus longtemps que la moyenne. Rares étaient ceux qui avaient marqué l’esprit du champion. Il espérait bien retrouver cette sensation dont il ne gardait qu’un vague souvenir maintenant.

Il sortit de son bain.

Simplement habillé, une tunique couvrait son imposante stature chaussé de sandales à lanières. Le champion se promenait dans la grande ville. Il s’était habitué à être connu et ne prêtait qu’un simple hochement de tête aux passants qui le saluaient. Ses pensées se perdaient dans sa situation. Certes , il avait bien assimilé le fonctionnement des commandes  qui apparaissaient sur son avant bras, il restait à savoir si il était seul dans ce cas ou d’autres joueurs étaient bien bloqués avec lui. Si c’était le cas, comment allait-il réagir ? Si c’était de PK ? Cette idée de l’enchantait pas vraiment et la prudence serait sa plus grande force le moment venu. Il soupira de nouveau chassant ses sombres réflexions.

La journée s’annonçait chaude et sèche, comme à son habitude. Cette fois, la faim du colosse le dirigeait dans le quartier marchand. Une envie de viande le tenaillait et exigeait d’être contentée. C’est ainsi que ses pas l’emmenèrent en direction de son restaurant favori. On pouvait entendre une certaine animation, il y en avait toujours les jours après un combat d’arène. Mais quelque chose l’intriguait. Ce n’était les cris et les rires des parieurs qu’on pouvait entendre, mais des exclamations/clameurs mêlées d’une animosité naissante ? Peu être. Quoiqu’il en soit, un élément perturbateur nuisait à son repos et cela, il ne le laisserait certainement pas passé. Intrigué et curieux, il se dirigea vers la porte d’entrée qu’il poussa sans ménagement. Saprobion prenait l’intégralité de la porte, oblitérant la lumière qui devrait s’engouffrer en temps normal. Son regard balayait l’assemblée à la recherche des perturbateurs de sa journée de repos.
La roche pendue était un établissement des plus respectable, propre et bien entretenu, Elle était l’auberge la plus fréquentée de la ville. Et aussi la plus grande. La porte donnait sur une grande pièce  où une longue table trouvait sa place en son centre. Dans les deux coins du fond, deux tables rondes supportaient des bougeoirs. Le long bar sur la droite, siège de commandement que le tenancier dirigeait de main de maître. Les serveurs filaient tels des abeilles dans tous les coins allant et venant. Sur la gauche, en descendant deux marches, on pouvait se réchauffer près du feu ou rôtissait un ou deux porc. Deux tables encadraient celui-ci, pour les plus frileux. Un escalier donnait accès à une mezzanine d’où on avait vue sur toute la salle, elle était bien souvent réservée pour des hauts dignitaires, ou pour les affaires nécessitant d’être traitées avec discrétion.

Une table de jeu qui commençait a s’exciter, rien d’anormal jusque là sauf qu’il y avait trop de bruit pour lui. Il examina la scène et vit qu’une personne vêtue d’une cape dissimulant son visage était à l’origine de ce remue ménage. Une nouvelle tête, cela faisait bien longtemps. Surtout une nouvelle tête qui attirait son attention. Saprobion ne lâchait pas du regard l’attroupement qui s’était formé autour de la dite table tandis que ses pas l’emmenaient vers le comptoir. Il s’appuya au comptoir, toujours attentif à la suite des événements, sourire aux lèvres.

- Alors, qu’avons-nous là ?

Se dit-il. Son regard se baladait sur chaque individu. Saprobion reconnu bien vite les habitués des lieux, cela ne méritait pas que l’on s’attarde dessus. De bons gars, mais sans rien dans la cervelle. Mais cette nouvelle tête par contre. Il était bien facile de voir qu’elle était nouvelle dans le coin, sa corpulence, son attitude. Rien à voir avec les habitants d’Oscurion.
Une femme apparemment, et nullement intimidée par les hommes qui lui faisaient face dans cette partie de cartes. Elle semblait vouloir garder l’anonymat, ce qui attisait la curiosité du jeune homme. Que pouvait elle bien cacher ? Ses traits? Était elle recherchée ? Cette idée l’amusait beaucoup et sentait son sang bouillir dans l’hypothèse de combattre une fugitive. C’est le genre de personne qui se battrait jusqu’à la mort et de toute ses forces, pensait-il. Il aimait ça.

Le tavernier tentait de calmer les choses, en vain. Le ton montait, les esprits s’échauffaient, la foule se compactait pour voir la baston éclater. On pouvait même entendre des paris se faire. Son attention s’intensifia sur la silhouette scrutant ses faits et gestes. En un instant, elle écrasa la tête d’un joueur contre la table qui retomba lourdement sur le sol, se tortillant de douleur comme un ver. Saprobion fut étonné par la rapidité de la jeune femme. Plus aucun doute pour lui, elle savait se défendre. La foule acclamait ce début en fanfare de ce qui pourrait devenir un beau divertissement.
Voyant la situation dégénérée, le tavernier s’éloigna de la zone de combat. Il aperçu le champion et se précipita vers lui, agrippa son bras.

- S’il vous plaît, ne les laissez pas détruire mon établissement.

Dit-il, implorant. Son établissement ne risquait pas de faire long feu si une bagarre éclatait avec les joueurs habituels. Ce n’était pour déplaire au guerrier. Celui-ci se mit à rire avant d’abattre une main sur l’épaule du tavernier qui grimaça sous le choc.

- Ne t’en fais pas pour si peu, j’empercherai qu’on détruise ton bien…..Mais je suis curieux de voir comment elle se débrouille. Qui est-ce ?

Demanda t-il sans lui adresser le moindre regard, bien trop occupé à voir que les deux autres partenaires de jeu voulait en découdre. l’un s’armait d’un tabouret, l’autre d’une bouteille qu’il fracassa contre la table. Ainsi armé, ils tentaient d’encercler la mystérieuse adversaire visiblement énervée. Comment allait elle se défendre ? Le tavernier se contentait de regarder avec une certaine fatalité dans le regard. Néanmoins, ils ordonna aux serveurs de sauver le plus de mobiliers possible. Les tables, chaises et tous ce qui pouvaient être briser fut repoussé contre les murs. Ainsi une arène improvisée prit forme.

- Vicky Gates, c’est son nom.

Annonçait le tavernier à l’attention de Saprobion. Celui-ci garda cette information dans le coin de sa mémoire, croisa les bras.

- Bien, voyons comment cette Vicky Gates se défend

Lâcha t-il. Le champion avait hâte de voir le potentiel de cette nouvelle venue. Malgré tout, il se tenait prêt à intervenir, ne voulant pas que son endroit préféré ne finisse en champs de ruine. Le pauvre bougre, lui, changeait de couleur au fil du temps qui passait. Dont la seule obsession en tête qui tournait en boucle ; que la casse soit la plus minime possible.

Saprobion ne lâchait pas un seul moment la jeune femme qui prenait bien soin de l’ignorer, buvant lentement le contenu de son verre. Cette pensée directe plaisait au jeune homme qui n’aimait pas perdre de temps en parole inutile.

-Ce n'était même pas un échauffement, sinon la moitié de l'auberge y serait passé. D'ailleurs quand on se permet de reluquer une personne on prend la peine de se présenter à moins que vous préfériez que je vous appel le pervers.

-vraiment et vous appelez ça comment ? Mais peu importe comment vous m’appelez, ce qui compte c’est votre valeur au combat.

Répondait-il du tac au tac. Elle attisait un peu plus sa curiosité comme le bois attisait le feu. Celui-ci brûlait un peu plus à chaque instant que la jeune femme se montrait d’une telle assurance. Il n’avait qu’une envie, éprouver celle-ci.

-Vous semblez être le plus fort de cette ville d'idiot, mais vous êtes bien loin de pouvoir égaler ma puissance. En plus m'affronter pourrez vous coûter bien trop cher.

Le ton qu’elle employait irritait ses oreilles. Une parfaite inconnue prônant sa toute puissance et traite les habitants d’idiots… Ses paroles aussi l’irritaient. Lui qui étaient de bonne disposition perdit rapidement patience.

Son visage se ferma, maintenant debout. Son regard lança des éclairs contre cette inconnue. D’une main de fer empoigna la jeune encapuchonnée. L’instant qui suivit, ils traversèrent la fenêtre de l’auberge. Le géant lâcha son poids quelques mètres devant lui comme on jette un sac. Sa tête se pencha sur les côtés sans pour autant perdre une miette de la réaction de cette femme.

- Nous allons voir qui ne peut égaler qui.

Les clients de l’auberge qui n’avait pas suivis toute la scène, était resté sans voix pendant un temps qui semblait être suspendu. Les questions fusaient peu de temps dans leur tête. Une chose que tous avait compris. Le champion allait se battre ! L’auberge se vidait dans un claquement de doigts. Même l’aubergiste avait déserté pour assisté au duel.

Le géant d’ébène laissa un lent soupir s’échapper avant de se mettre en mouvement vers son adversaire du jour. Dans un premier temps, il voulait tester les réflexes de la jeune femme et son agilité. Bien résolu à lui faire comprendre par ses poings qu’on trouve toujours plus fort que soit. Sur ce point, il était invaincu. Des que le guerrier la sentait prête, il s’élança à sa rencontre d’un bond. Prêt à la percuter de toute sa masse et l’envoyer si elle ne s’écartait pas contre le mur d’une maison.

Un nuage de poussière, des mains contre le mur. Saprobion grognait alors qu’il s’écartait du mur qu’il avait faillit détruire pendant sa charge. Son regard de feu déchargeait sa haine sur la jeune femme qui osait encore le narguer en jetant la bourse du géant sur le sol. L’air sifflait entre ses dents tandis que de nouveau il faisait face.

Payer la fenêtre, rien ne lui avait été demandé. Le géant d’ébène ne faisait pas la charité et n’avait mentionné à aucun moment de l’argent. Il payait toujours ce qu’il prenait ou détruisait. Elle parlait maintenant de cesser les hostilités ?! Comment pouvait-elle croire que cela lui serait accordé en portant sur son visage l’arrogance et le mépris d’autrui. Elle n’était pas seul à avoir confiance en ses capacités. Si elle pensait qu’il était au maximum de ses capacités, la surprise serait aussi grande que sa défaite. Ce qui énervait le champion c’était ce comportement complètement contradictoire : prétendre ne pas vouloir de conflit tout en affichant autant d’arrogance et de supériorité. Non ! Ce qu’il l’avait attiré chez cette femme venait de partir en fumée et il ne cherchait même plus à l’entendre parler, car ses mots n’étaient que mépris à ses oreilles.

Il avait admit qu’elle était très rapide, bien plus que lui. Le champion d’arène avait déjà affronté de tels adversaires aussi rapide et insaisissable que des anguilles. Bloquer toutes retraites et ne laisser aucun répits. C’est avec cette stratégie en tête qu’il avançait vers la jeune femme. Ses pas déterminés continuaient à diminuer la distance qui le séparait d’elle. Puis il passa à l’offensive. Deux coup de poing au niveau du visage, un visant les côtes, un coup de pied cherchant à détruire ses appuis. Il renouvela cette série dans le désordre, sans lâcher sa proie et  ni lui permettre de prendre de la distance, de reprendre son souffle, ou de fuir. Il ne craignait pas de prendre un ou coup ou deux, peu lui importait. Tous ce qui comptait était de mettre à bas son ennemi. Il commença à prendre plus d’aisance et à s’approprier le rythme de cette femme mystérieuse. Le géant avait un don inné pour le combat : se battre pour sa vie était son quotidien, ce qui faisait de lui un champion invaincu et l’avait gardé en vie jusqu’à présent. Quand était-il pour elle ? Mais cela est une autre histoire.

Ce qui devait être une simple passe d’arme n’était rien de plus qu’un règlement de comptes. Le géant à la peau d’ébène assaillait son ennemi de coups divers et variaient les hauteurs. Celui-ci encaissait sans faillir. La rage portait l’assaillant, faire ravaler ses paroles si insultantes à cette prétentieuse était sa motivation. Le guerrier s’était fait aux déplacements et au style de combat de Vicky lui permettant de suivre le moindre de ses déplacements, déceler ses contres, se mouvoir en même temps qu’elle. Comment une étrangère se permettait t’elle d’être aussi arrogante ?

Saprobion, dont l’attention ne quittait plus l’orgueilleuse femme, avait eu le loisir d’analyser la manière dont elle se défendait. Il était clair qu’elle avait été formé par l’armée. Une fille d’officier peut être ? Venue s’encanailler dans une région inconnue ou chercher à prouver sa valeur ? L’arène fourmillait de  combattants d’origines diverses, il n’était pas rare de tomber sur d’anciens soldats déserteurs dans leur contrée.

Vicky, si c’était son vrai nom, changea d’attitude ce que Saprobion ne manqua pas de déceler. Une absence de vie dans les yeux, un murmure glissait entre ces lèvres.  Une mage guerrière ? Arriver à lancer un sort tous en endurant la douleur, voilà un exploit qui n’était pas à la portée du premier venu. La curiosité calma sa haine. Montrait-elle enfin son vrai visage ? Se décidait-elle enfin à offrir au géant ce qu’il attendait depuis leur première rencontre ? Si c’était bien le cas, sa vie lui serait épargnée. Si les évènements avaient évolués dans d’autres circonstances... mais les manières de cette femme en décidèrent autrement.

L’air devint plus frais, le ciel sans nuage auparavant revêtait une sombre draperie. Les poils du guerrier se hérissaient sur sa peau. Un mot fut prononcé, un grondement se fit entendre au dessus de leur tête. Un éclair illumina le ciel, déchira le ciel et vint fracasser à l’endroit même où il fut appelé. Le claquement tel un fouet résonnait contre les murs de la cité. Un nuage de poussière s’éleva masquant le seul combattant. D’autres éclatements se fit entendre. L’humaine avait prit soin de garder ses distances et surveillait la zone de combat maintenant cachée par un nuage de fumée.

Le calme revenait lentement, mais c’étaient les exclamations de la population qui planaient dans l’air. Des portes et des fenêtres s’ouvraient, laissant place  à des regards surpris et interrogatifs. Que se passait-il au dehors ? Cette agitation attira plus de monde, même la milice qui ne tardera pas à se montrer.

Tous le monde attendait la dissipation de la fumée et de voir si le combattant était en vie. Leur champion avait-il succombé à la magie de la foudre ?! Le silence fut total des centaines de paires d’yeux scrutaient l’épaisse fumée, rien ne bougeait.

Soudain Saprobion refit son apparition, poussiéreux de la tête au pieds. Sa tunique ne tenait que par une bretelle qui avait perdu de sa couleur d'origine pour un rouge sombre. Une vilaine plaie marquait son épaule, endroit où la foudre l'avait touché. La fumée le fit tousser un peu, il se secoua la tête faisant tomber de la poussière coincée dans ses tresses, épousseta de la main son torse et le bas de son vêtement. Il lui manquait une sandale à un pieds, sortie du courant qui venait de la traverser. La foudre circulait encore dans son corps  tels des milliers de fourmis grouillantes. Le guerrier se débarrassa de la sensation en  secouant les bras et les jambes, contracta les muscles. Puis il recouvra la pleine possession de ses facultés, du moins pour le moment. Car l'adrénaline inhibait toute autres sensations en cet instant.

Il regarda autour de lui, les dégâts de la foudre au sol et la population à leur fenêtre. Les yeux braqués sur les deux personnes sur la place. Est il bon de continuer et mettre en péril ses habitants ?

- ce combat est entre nous deux, si tu n’es pas capable de combattre sans détruire toute la ville, tu manque d’entraînement. Il n’est pas question de faire des dommages collatéraux.

La voix en lui hurlait de rage, frustré, criait vengeance et du sang. Mais celui aux commandes ne désirait pas faire de victimes. Pas plus qu’il ne voulait se jeter dans un combat avec le premier venu. La fusion entre les deux esprits était récente, l’instinct primait plus souvent qu’il ne le voulait sur la réflexion.
Saprobion chercha sa bourse  qui ne devait pas se trouver loin. Puis, une fois retrouvée, il se dirigea vers l’auberge. Un coup d’œil à l’adresse de la femme. Il pu faire attention à l’anatomie de l’adversaire. La regarda attentivement de la tête aux pieds, son caractère gâchait sa beauté...

-Ce combat a perdu de son intérêt. Je te conseille de quitter la ville rapidement...

Dit-il avant de définitivement se désintéresser de sa personne. Il trouva refuge dans l’auberge où il commanda une bouteille. Sa bourse servira aux réparations et tous ce qu’il comptait boire. Son épaule le lançait, mais il n'y prêta pas attention. Une migraine pointait lentement le bout de son nez. L’animation apparemment terminé, la foule se dispersait. Quelques curieux commentaient l’œuvre de la magie sur le sol.

Des sons sourds se faisaient soudainement entendre au loin, se rapprochant de la place. La milice se frayait un chemin à travers la foule poussant les gêneurs avec leurs boucliers ronds. Ses hommes ne tarderaient pas à investir la place et chercher les briseurs de tranquillité.

Le guerrier ne s’occupait que de son verre et ne pensait pas revoir la mystérieuse femme revenir de si tôt. Mais il était à moitié surpris de la voir entrer dans l’auberge et commander de quoi se désaltérer. Le plus surprenant était qu’elle lui adresse la parole pour savoir son nom. Il failli s’étouffer avec son verre, s’essuya du revers de la main avant de se tourner vers la combattante. Ce n’était pas une hallucination, et avait bien entendu. Il se surpris de rire et tenta de mettre de l’ordre dans ses pensées alors que la douleur se montrait plus présente encore. Il but directement à la bouteille qu’il avait acheté auparavant une longue rasade.

- Quand j’aurais connaissance d’un vrai nom, je donnerais le mien. Tu as fui l’armée d’un royaume ou un mariage forcé peut être ? Ce qui est certain, c’est que tu n’es pas une combattante de seconde zone… La garde royale peut être...De toute façon, si c’est l’anonymat qui était recherché, c’est perdu d’avance avec un caractère pareil…

Dit il avant de reboire une gorgée. Rien à faire, le martèlement de ses tempes ne voulaient se défaire par la simple absorption de ce breuvage, il lui fallait quelque chose de plus fort. Le géant d’ébène remarqua les traces de sang sur le sol, il prit conscience de l’étendu de sa blessure et commença à la traiter avec l’assistance de l’aubergiste. Celui-ci n’avait pas attendu pour se munir de bandes et flacons aux produits médicinales, ayant à plusieurs reprises, soignés ses clients après une petite rixe.

-Saprobion est mon nom.

Dit il. Sachant que cette tête de mule ne dirait sûrement rien. Un des serveur avait prit le relais et passait difficilement autour de l’imposant torse. L’aide d’un tabouret et de la main valide du blessé finir par avoir raison de l’opération.

Un tel caractère peut être que celui d’une noble, assez riche de surcroît pour avoir un bon enseignement martial et magique. Elle devait avoir un don à la naissance pour réussi à allier les deux!

Elle restait un grand mystère, plus le champion d’arène se posait des questions, plus la méfiance grandissait. Avait elle, comme elle le prétends, le pouvoir de raser la ville ? Il en doutait, car c’était la capital dont elle parlait et non un petit coin perdu en plein milieu de la campagne. Ici, Traînait des mages de valeur à ce qu’il avait pu entendre. Le mage du roi serait même son adversaire le plus coriace dans ce domaine. Mais le combattant d’arène ne se préoccupait pas des lanceurs de sorts. Ses connaissances dans ce domaine était limité.

Les pas lourds métalliques se rapprochaient de la porte. Les soldats de la milice étaient arrivés. Un homme entra dans l’auberge, de bonne stature, une longue moustache fine qu’il n’arrêtait pas de tortiller des doigts lorsqu’il était contrarié. Aujourd’hui, il était contrarié.

- Bien, je veux savoir ce qu’il s’est passé, les rumeurs courent qu’il y a eu un combat et de la magie a été utilisé. Que la femme se dénonce, ainsi nous gagnerons du temps.

L’homme regardait à peine le géant qui s’était levé, prenant la bouteille avec lui. Il traversa la porte de l’auberge et disparut de l’encadrement. Pour ceux doté d’ouïe fine, on pouvait distinguer des cliquetis de métallique. Le chef de la milice avançait dans l’auberge, se trouvant maintenant à la place de Saprobion fixa l’étrangère avec intérêt.

-Veuillez me suivre je vous prie.

Un échange sommaire, quelques verres d’alcool, une arrestation tranquille. Les fauteurs de troubles étaient conduits à l’extérieur de l’auberge sous les yeux des curieux accrochés à leur fenêtre. Le géant était là, entouré par la milice quand Vicky faisait sa sortie. Elle fut vite encadrée par les soldats qui se montraient plus attentifs à la vue des katanas. Leur main se posait sur la pomme de leur arme.

Le trajet se faisait sous les pas cadencés de la milice dirigée par leur chef ouvrant la marche. Il repensait aux affirmations de la jeune femme. Elle tentait bien de garder son anonymat, cela elle ne c’en était pas caché. Preuve donc qu’elle ne voulait pas être trouvée… Ou reconnue. Elle n’avait pas non plus nié le fait qu’elle pouvait être de noble lignée. Le cerveau du géant chauffait comme un volcan. Elle pouvait aimer voyager, mais sûrement qu’elle ne pouvait le faire autant qu’elle le voulait. Serait-ce une princesse ? Une reine ?

Il ne sentait pas les mains qui l’incitaient à suivre le rythme du détachement. Celui-ci s’étirait comme le beurre étalé sur une tartine trop grande. Sortant de ses pensées, Saprobion tourna la tête remarquant les deux soldats tentant vainement de le pousser.

- Désolé, j’étais dans mes pensées.

En deux longues enjambées, il combla son retard laissant les pauvres bougres sur place après sa subite accélération. À nouveau il repartait dans sa longue réflexion. Malgré son sale caractère, elle avait reconnu le combattant qu’était le jeune homme à la peau d’ébène. Se doutant qu’aucun ne jouait toutes ses cartes dans ce combat, difficile de dire qui aurait eu l’avantage. Lui-même été surpris par l’éclair. Il grogna de mauvaise foi reconnaissant qu’il s’était laissé aveugler par la colère et reçut une blessure. Chose qui ne serait pas arriver dans d’autres circonstances. La fusion des deux antagonistes avaient besoin de réajustement.

Toutes ces cachotteries lui donnaient mal au crâne. Dire qu’il n’avait pas eu le temps de finir la bouteille… Il soupira et continua donc le trajet jusqu’à leur nouvelle chambre. La bâtisse était basse de plafond aux murs épais. Les fenêtres qui la composaient avaient des barreaux solides. Le chef de la milice entra avec les prisonniers et quelques hommes tandis que les autres repartaient dans diverses corvées. Patrouille, nettoyage de chambres, pause pour les plus chanceux.

Le guerrier devait se courber pour tenir à l’intérieur. L’homme à la moustache allait droit à son bureau où il prit place. Ici c’était son domaine et il le faisait voir à ses invités. Les coudes posés sur le bureau, les mains jointes, Il dévisagea l’inconnue longuement avant de la détailler de la tête aux pieds. Le géant d’ébène n’avait qu’une sandale et sa tunique ensanglantée pour seule possession.

-Déposez toutes vos armes, je me fiche de savoir qui a commencé et la raison. Ce que je ne tolère pas, c’est qu’on mette le bordel dans mon quartier. Vous allez faire un séjour avec nous, puis ce n’est pas tous les jours que nous avons une célébrité qui vient nous rendre visite. Je ne te fais pas visiter, tu connais le chemin.

On le conduisit dans une cellule. Le bâtiment en possédait trois, toutes faites de barreaux épais de la largeur d’une main. Les deux premières contenaient des « clients » éméchés à moitié endormis sur leur paillasse. Il entra sans faire d’histoire, se posa sur la paillasse le dos contre le mur. Il attendit prenant son mal en patience. Vicky ne tarderait pas à le rejoindre et passeront bien des heures ensemble. Eux qui en étaient venus aux mains dès leur rencontre, les voilà à se tenir compagnie. La nuit commençait à tomber sur la ville. Cela devait faire quelques heures qu’ils étaient enfermés. N’ayant pas bougé de sa position, les yeux fermés, il les ouvrit lentement regardant ce que faisait la guerrière.

-Une reine en mal de découverte fuyant ses responsabilités le temps d’un voyage ?

L’interrogea-t-il soudainement. Il n’avait pas perdu de son interrogation et cherchait à percer à jour cette femme mystérieuse.

La mystérieuse femme cachait depuis le début son identité, Saprobion en avait la certitude et ses manières lui donnait la conviction qu’elle faisait partie de la noblesse. Bien qu’il n’en avait pas la preuve irréfutable sur lui. Mais les armes qu’elle portait, ce n’était pas à la portée des premières bourses venues.

Vicky, le nom qu’elle donnait depuis son arrivée en ville, ne semblait aimer les interrogations. Elle soupirait à la moindre question posée par le géant ou par qui que se soit d’ailleurs. De nouveau une pointe d’intérêt du colosse d’ébène et voici qu’elle envoya promener celui-ci rejetant toute forme de communication.

En quoi savoir qui je suis, vous aidera. Vous avez envie de vous faire mousser auprès de vos copains les ivrogne. Par contre à ce que je comprend c'est pas votre première fois en ce lieux. Donc cela voudrais dire que vous ne savez pas vous tenir tranquille.

- Déjà ce ne sont pas mes copains pour commencer, puis vous êtes mal placée pour faire la morale. Je ne tape pas sur des ivrognes, mais je me bat avec des gens qui savent et peuvent se défendre.

Disait-il en la fixant droit dans les yeux, puis il tenta de prendre une meilleure position sur la paillasse si peu confortable. La nuit allait être longue et il faudrait pour le jeune homme prendre son mal en patience. Il avait fini par se rendre à l’évidence qu’il perdait son temps avec elle et que jamais il n’obtiendrait quoique soit d’elle mise à part un sarcasme à tout épreuve.

Il tenta de s’allonger et comme toujours ses pieds dépassaient. Ses mains trouvaient refuge derrière sa nuque, il fixait le plafond attendant que le temps passe.

Les heures passaient, les autres occupants avaient commencés à geindre par moment. Leurs voix plaintives résonnaient dans la bâtisse. Les geôliers ne semblaient pas y prêter attention, bien occupé à…

L’un d’eux distribuait les plateaux pour chacun des pensionnaires. Saprobion fini par se lever, prit son plateau et commença son repas silencieusement. Ce n’était pas le cas pour tous le monde, la cellule d’à côté abritait de bruyants voisins. Manger en silence ne faisait pas partie de leur comportement. A plusieurs reprises, un garde du intervenir pour les calmer. Le champion d’arène continuait de finir son frugal repas, ne laissant que des plats vides, puis se rallongea.

Le géant d’ébène se tournait un peu plus, cherchant une positon plus confortable. Ils devraient vraiment faire quelque chose pour ces planches de bois mal cloutées qu’ils appellent un lit. Pas de couverture du moins un bout de tissu malodorant à demi rongé par les mites et abritant sûrement la vermine de tout le bâtiment.

Son corps se raidit à la question posée apparemment à son attention. On lui parlait ?! Une voix féminine qui plus est. Une voix familièrement sarcastique à toutes heures, mais pas cette fois là ?! De plus une question !! Saprobion n’en cru pas ses oreilles.

Il se retourna, croisa le regard de sa partenaire de cellule qui soutenait son regard. Elle ne dormait pas, avait mangé et lui adressait la parole !

« Qu’est ce qui ce passe, tu as mangé un truc pas frais ? » Il ne savait pas comment prendre la chose et se redressa sur son séant, les sourcils froncés suspicieux. « Je sens qu’il va pleuvoir de l’or bientôt... »

Après son comportment depuis leur rencontre qui n’avait été que mépris et sarcasme, l’étonnement voir la colère toucherait n’importe qui en plein cœur.

« Qu’est ce qui te fait dire que je viens d’un autre monde ? » Il posa la question supposant déjà la réponse, mais il voulait s’assurer qu’elle savait de quoi elle parlait. D’ailleurs elle était bien informée sur le sujet. Il répondit à sa question par une autre

« Qui vous a informé de ça, tu sais comment je peux rentrer ? »

il ne savait pas s’il devait être content ou non. Sa nouvelle vie ici lui convenait plus ou moins, même certaines choses de son monde lui manquait un peu : les oréos, son ordi… Quoique c’était en partie de sa faute s’il se trouvait ici. Était-ce vraiment à cause de lui, ou plutôt grâce à lui. Il pouvait vivre des aventures que personne à part lui et les autres prisonniers du jeu vivraient et garderaient cela à jamais gravé dans leur esprit.

[color=#ff9900]« Non oublie ma question, je ne veux pas le savoir... » Puis se rallongea fixant le plafond « T’es qui bon sang ?! Tu veux savoir des choses et moi aussi. Donnant donnant ma grande »

Saprobion était mitigé par le comportement à adopter. Concernant Vicky, comme elle tenait à se faire appeler, celle-ci ouvrait enfin la bouche et voulait communiquer. Malgré le sale caractère que les nobles possèdent à la naissance, les informations qu’elle détenait l’incitaient à passer outre son comportement détestable pour le bien de tous. Car en plus de cela, la bougresse se défendait plutôt bien… Il s’assit.

Sa colocataire semblait autant apprécier le lit que la nourriture fournie pour les pensionnaires. Un met raffiné que même les chiens ne mangeraient que sous la contrainte d’une mort certaine. Peut-être était-ce aussi pour cela que personne ne tenait à revenir ici faire un séjour, peu importait la durée. Mais le géant, immunisé à cette mixture, venait parfois tenir compagnie à ces bougres en mal de célébrité.

A la mention de son avant bras, il posa son regard dessus. Simple réflexe. Les traits formaient un dessin que seul les initiés comprenaient. Un ami de la guilde marchande disait elle, alors Le jeune guerrier n’était pas seul joueur prisonnier. Son questionnement trouva un réponse. Cela pourrait constituer un bon point de départ pour des recherches éventuelles et plus de renseignements pour repartir… Cette femme en savait bien long sur la question.
Il fallait avouer que Seb ne s’était que peu servit de son interface depuis son arrivée. Bien trop captivé par le monde qui l’entourait pour ce soucier de l’utilisation plus approfondie de cet outil.

Le jeune homme soupira face à ce pique verbal dont Vicky avait le secret. Il baissa la tête cherchant en lui le calme et la sérénité dont il a besoin pour ne pas s’emporter avant de relever la tête et croiser son regard.

- Tu ne pourrais pas arrêter de me chercher à chaque fois que tu ouvres la bouche, c’est franchement agaçant.- Un soupir glissa entre ses lèvres sentant la colère monter en lui. Il ne voulait pas. – Pour répondre à ta question, cela fait quelques semaines que je suis ici, dans ce monde, ce corps… Expliqua-t-il plus calmement. La nuit risque d’être longue autant pour toi que pour moi alors si on faisait une trêve pour cette nuit.

Saprobion percevait une opportunité à saisir. Une chance d’avoir des informations et parler avec une personne qui connaissait son problème.

- Que vous a dit d’autre votre ami ? Quels renseignements peut-on obtenir en plus de la carte et la localisation ?

Demanda-t-il. Son regard ne quittait pas Vicky, ce qu’elle donnerait serait d’une grande aide dans la compréhension de ce monde qui lui était inconnu. Curieux d’en apprendre d’avantage, Saprobion serai enclin à faire l’impasse sur l’humeur de sa compagne d’infortune, le temps d’une nuit.

Saprobion cherchait à faire une trêve et ainsi pour peut être converser avec la jeune femme sans effusion de sang ou paroles déplacées. Il espérait qu’elle soit assez mature pour voir la situation actuelle et qu’il tentait de faire un pas vers elle sur le chemin de la conciliation.

En entendant l’accusation qu’elle portait à son attention, il fronça les sourcils. Mécontent. Sa faute ?! Comme s’il s’était battu tout seul et elle, une pauvre victime innocente faisant parti des dommages collatéraux ? Bouder ? Non pas son truc. Lui sauter dessus ? Oui avec le plus grand plaisir et lui arracher sa petite langue de vipère par la même occasion. Le jeune homme soupira lentement échappant son désir meurtrier. Quelle énervante personne…

Elle a les réponses à tes questions… Réponses à tes questions...

Qui aurait cru que la personne qu’il détestait le plus dans ce bâtiment fut celle qui gardait des renseignements plus que précieux. Il écouta avec attention. Ses connaissances se limitait à l’utilisation de la carte et quelques informations concernant son inventaire, mais rien de plus. Il était bien parti pour consolider ses connaissances sur son interface grâce à la jeune femme.

Une guilde ne contenant que des gens de son monde. Des joueurs. Saprobion ne se trouve donc pas seul et ils se rassemblaient au sein d’une guilde en plus de ça ! C’était bon de savoir qu’il n’était pas seul, que d’autre étaient bloqués aussi. Peut-être ont-ils le moyen de sortir et de savoir comment tout cela est arrivé. Elle souleva un point qui attira un peu son attention.

- Où je peux trouver cette guilde...Une invasion dis-tu, comment ça ?

Des joueurs bloqués dans ce monde en masse aurait tenté de s’imposer ? Beaucoup de questions sans réponse. Pouvait-elle y répondre ou devrait-il rendre visite à cette fameuse guilde ? Cela signifierait partir de cette ville qui était devenu son foyer. Se sentait-il prêt à découvrir le monde ?

Saprobion écouta attentivement les informations données par sa comparse. Il ne pouvait nier que cette mystérieuse femme en savait beaucoup sur l’utilisation de son interface. Seul un autre joueur pouvait lui avoir donné autant d’indication. Une aubaine pour le jeune homme à la peau d’ébène qui comptait soutirer la moindre parcelle de connaissance dont elle en avait le secret. Cela serait aussi une façon de voir si les fonctionnalités lorsqu’il jouait sont toutes les mêmes.

De nouveau une provocation, c’est à croire qu’elle aimait vraiment cela. Il fronça les sourcils à cette attention si délicate de Vicky et répondit du tac au tac.

-Hey bien on sera deux alors, j’en connais une qui ne manquera pas d’apprendre les bonnes manières… Vu comment la noblesse se détériore, y a du boulot.

Lui aussi pouvait se montrer acéré quand il se sentait un peu trop asticoter et cette femme avait un don pour l’irriter admirablement.

Midgard en Harmonia. C’était donc là-bas que ce sont regroupés les joueurs comme lui qui ont atterrit dans ce monde. Il resta pensif quelques instants : peut être serait il un bon moyen pour en apprendre plus que Vicky pouvait bien lui dire ? Peut être ont ils trouvés un moyen de sortir d’ici ?

Il décida d’utiliser sa carte pour savoir ça se trouve. Prenant soin de ne pas être découvert par des yeux trop curieux. Les ivrognes avaient finit par s’endormir et le seul garde visible était bien trop occupé à compter les moutons dans sa rêverie. Il traça mentalement l’itinéraire pour se rendre à Midgard en observant les possibles routes à emprunter. La zone restait grisée, un lieu encore inexploré.  C’était un très long voyage et sans doute dangereux pour un novice du coin.  Saprobion oublia la présence de Vicky, perdu dans une réflexion intense sur le futurs de ses actions. Il décida finalement de connaître en premier lieu le royaume où il se trouveait avant de potentiellement aller rencontrer ces autres joueurs. Il tenait à être assez fort au cas où ils ne seraient pas si amicaux que ça.

Une invasion, c’était donc comme ça qu’elle le voyait. Ce n’était pas si faux selon le points de vue. Mais il ne comprenait que vaguement comment l’apparition des joueurs pouvaient faire pencher la balance militaire d’un royaume.

- Est-ce leur nombre ou leur appartenance à mon monde qui est la cause de ce bouleversement que tu appelles invasion ? Tu disais que d’autres royaumes ont moins de chance, ils ont été rasés ?

Demanda-t-il. Les réponses attendues modifieraient sensiblement ses plans et sa vision de ces arrivants. Même s’ils venaient du même monde, leur comportement différait très certainement du sien. Il se montrait prudent et cherchait juste à survivre dans ce nouveau corps avec des capacités dont il ignorait encore l’existence.